Sara Crewe arrive à Londres après avoir grandie aux Indes. Son père, soucieux de son éducation, la place dans un Pensionnat aristocratique de jeunes demoiselles dont il a entendu dire beaucoup de bien. Avec ses manières élégantes et sa richesse, Sara devient le faire-valoir de la directrice, Miss Minchin. Mais lorsque le père de la fillette vient à mourir, la laissant orpheline et sans argent, le destin de l’enfant prend un tournant tragique. Sara devient domestique, pour ne pas dire esclave, et atterrit sous les toits, dans une mansarde insalubre et glacée. Seule et victime de toutes les privations, elle ne doit son salut qu’à la compagnie de sa poupée, Emily, et à son imagination qui lui permet de s’évader grâce au jeu « supposons que ».


Princesse Sara a marqué mon enfance par son adaptation pour la télévision par le studio japonais Nippon Animation, à qui l’on doit d’ailleurs un grand nombre d’adaptations de classiques de la littérature jeunesse. Par la suite j’avais également lu le roman de Frances Hodgson Burnett. C’est donc avec plaisir que j’ai découvert sa sortie dans la collection des classiques illustrés, dirigée par Benjamin Lacombe aux éditions Albin Michel, par l’intermédiaire du blog Les Blablas de Tachan (sa critique). Plaisir d’autant plus grand que c’est Nathalie Novi qui est en charge de l’illustration et que j’aime tout particulièrement son travail.


Les illustrations couleurs et les crayonnés rappellent beaucoup son travail sur Jane Eyre (Tibert éditions) par la profondeur qui se dégage des personnages ainsi que par le jeu des couleurs et des perspectives. On retrouve également de nombreux motifs fleuris et animaliers comme dans l’ensemble de son œuvre, ainsi que quelques peintures sur carte géographique qui renforcent le sentiment d’immersion et l’encrage du récit. La couverture n’est pas en reste et donne le ton d’un récit poétique et désuet qui révèle la nature humaine dans ce qu’elle a de plus sombre, en opposition à l’imagination et à l’innocence propres à l’enfance.


Comme nous l’apprenons dans la postface, le texte retenu pour cette édition illustrée est celui de la version initiale publiée en feuilleton dans le mensuel américain pour enfants St. Nicholas Magazine en 1888. Plus tranché, le texte se suffit de l’essentiel et se voit démunie de ce qui fait la richesse du roman, plus étoffé et enrichi de nombreux personnages secondaires, figures amicales qui apportent un peu de tendresse au quotidien de Sara. Dans cette première version, le lecteur se confronte, aux côtés de Sara, à la cruauté d’un monde dirigé par l’argent et la cupidité, un monde dans lequel des adultes laissent mourir les enfants qui ont eu le malheur de se retrouver orphelin.


Princesse Sara est un très beau récit servi par une plume dramatique et touchante qui dénonce le sort réservé aux plus pauvres tout en étant porteuse d’espoir. Sublimé par les illustrations d’une artiste qui place l’enfance au cœur de son œuvre, le texte de Frances Hodgson Burnett s’inscrit dans la pure tradition des classiques jeunesse du XIXè siècle. Il est ici valorisé par le format de l’édition qui en fait un objet-livre à avoir et à offrir.


visuels sur le blog

Ladythat
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 8 févr. 2022

Critique lue 9 fois

Ladythat

Écrit par

Critique lue 9 fois

Du même critique

Trouve-moi
Ladythat
7

Critique de Trouve-moi par Ladythat

Après l’énorme coup de cœur pour le roman Appelle-moi par ton nom, je ne pouvais que lire la suite, même si je m’attendais à une lecture moins enthousiasmante tant le premier se suffisait à lui-même...

le 10 déc. 2020

7 j'aime

Orgueil et Préjugés - illustré par Margaux Motin
Ladythat
8

Critique de Orgueil et Préjugés - illustré par Margaux Motin par Ladythat

Orgueil et Préjugés fait parti de ces romans que je peux relire sans compter en y prenant toujours autant de plaisir. Un roman qui a plus de 200 ans et qui plait toujours autant par l’intemporalité...

le 27 mars 2020

6 j'aime