Donner une droite au patriarcat : voilà de quoi vous déterminer à la lecture de ce livre (ou d'ouvrage similaire) mais surtout de vous engager dans un stage d'autodéfense !

Reprendre le contrôle de sa vie et ne plus s'en remettre à la fatalité, voilà la volonté développée à travers l'autodéfense féministe. Mais pas n'importe laquelle car de plus en plus de salle de sports vantent une pseudo self-défense féminine qui n'a rien de spécifiquement politique, qui souvent stigmatise les personnes racisées et sans-abris, de même que dans certains espaces militants, l'autodéfense est en réalité très masculine. Toutes les femmes et les minorités de genre devraient y avoir accès, pourtant il y en a assez peu en France (Contrepoing, Faire face, Arcaf) et surtout dans les grandes villes. J'en profite pour vous inviter à écouter le podcast de charlotte bienaimé sur le sujet. Mathilde Blézat est allée interviewer plein de formatrices et de personnes ayant bénéficiées de ces formations, souvent à prix libre.


S'écouter soi, ses intuitions, valoriser nos ressentis. En 1908, Edith Garrud, militante suffragiste et instructrice d'arts martiaux, lance les premiers cours d'autodéfense. Elle est sollicitée par Pankhurst, fondatrice du WSPU pour donner des cours afin de faire face aux violences policières et machistes. En 1903, elle lance la Bodyguard Society, un service d'ordre chargé de protéger les camarades du WSPU, les suffrajitsu. La boxe et les arts martiaux à l'époque sont extrêmement mal vu par les forces conservatrices. Certains groupes néanmoins comme celui d'Ida Simonton ont servi des fins racistes afin de défendre la "nation blanche". Plus tard dans les années 70 émerge le cell 16 de Boston qui se revendique du féminisme séparatiste et du célibat. Lassées du paternalisme de leur entraineur, elles forment leur propre groupe. Surtout que l'autodéfense stratégiquement ne doit pas être connue des hommes ou en moindre mesure. Des magazines circulent pour faire du réseaux et faire circuler l'information.

En France, il existe la méthode Riposte et une 15 aine d'associations, dont la liste se trouve en annexe de l'ouvrage. Il y a aussi des méthodes d'autodéfense développée par des travailleur.euses du sexe comme l'asso Chaffle à Nantes. La méthode riposte a été importé du Québec et adaptée par Amélia Garrigues. A Amsterdam, il existe une école publique d'autodéfense crée dans les années 80, la Kenau. En Belgique existe la méthode Garance par Irène Zeilinger avec sa compagne qui a permis d'ouvrir autodéfense à toustes mais les subventions sont difficiles à avoir. Avec les réflexions sur l'autodéfense féministe se couplent des réflexions sur la prévention des violences sexistes et sexuelles.


Aussi, les formatrices sont très précaires économiquement mais en plus, le travail exige des implications physiques et psychologiques. L'autodéfense féministe ne se limite pas à des exercices physiques, ceux-ci ne dépassent jamais 50% du temps de stage. C'est avant tout une pratique de prévention primaire, ancrée dans le quotidien, centrée sur l'autonomie afin de faire tomber les sentiments de vulnérabilité et de culpabilité. L'idée est de mettre fin à une situation d'agression... et ça fonctionne plutôt bien ! Il y a aussi l'idée de co-construction dans une approche intersectionnelle : inventer différentes non-mixités choisies additionnelles en fonction des besoins, construire de nouvelles stratégies d'autodéfense. Des ateliers d'autodéfense existe aussi dès la maternelle ! Lydia La Rivière-Zijdel est une militante lesbienne et handi connue dans le monde entier. Après son accident, elle se met à l'autodéfense et développe des stages auditifs, visuel, fonctionnel, cognitif. Les personnes handis ont plus de chance de se faire agresser (taxis, kinés, médecins..) et pourtant elles ne sont que très peu présentes dans les ateliers d'autodéfense alors qu'elles aussi peuvent projeter quelqu'un au mur !

En finalité, l'autodéfense participe à se réapproprier son corps et agit comme un déclic mental de puissance. Elle recèle donc d'un pouvoir transformateur, accessible : la violence peut être une nécessité pour se protéger. Ce n'est pas parce qu'on échoue une ou plusieurs fois que ça ne peut pas arriver. Des études ont dès lors montré l'efficacité de l'autodéfense : sans causer plus de dommage physique, elle permettrait de se prémunir de 69% de risque de viols. L'autodéfense féministe permet d’empêcher que des situations de violence n'empirent. Pour le cas de la sidération par exemple, il existe par exemple la respiration consciente qui permet de diminuer le sentiment d'angoisses et qui en oxygénant le cerveau va permettre de réfléchir plus facilement sur quoi faire.

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le 27 mai 2022

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