Remembering Lady Margaret
Monde étrange où l'invicible armada a envahi l'angleterre au XVIeme siècle... Aujourdh'ui au XXeme siècle, la technologie n'existe pas , bridée par l'Eglise qui règne sans partage sur le monde. Pour combien de temps encore ?
Les 6 nouvelles et le coda final forment une magnifique toile d'ensemble où tous les récits sont intimement liés, un ballet uchronique non exempt de certaines interrogations comme celles liées au peuple des Anciens...
1/ Lady Margaret : où l'on rencontre Jesse Strange, conducteur d'une loco à vapeur qui voit son cœur brisé par une déception amoureuse. Premier aperçu de ce monde nouveau où la seule énergie disponible est la vapeur, et où les routes sont peuplées de loco et de voiturettes à voile... J'ai été un peu déçu par ce premier volet, un peu fade et apesanti de descriptions techniques de la conduite de la loco. Mais a posteriori, il se révèlera comme le point de départ d'un bouleversement historique sans pareil.
2/ Le signaleur : découverte de la Guilde des Signaleurs, maître des Sémaphores, seul moyen de communication existant dans ce monde dépourvu de technologies. Découverte aussi de l'étrange peuple des fées, ou peuple des anciens, dont les origines et les volontés restent peu décrites. Le début du chapitre est bien long, et le récit dans son ensemble est bien sans être exceptionnel.
3/ Le bateau blanc : là aussi un peu déçu par ce chapitre, qui nous décrit la vie d'une pauvre fille de pêcheur qui rêve d'évasion et la trouve sur un bateau de contrebande. Un peu terne et peut-être le moins en lien avec le reste des autres chapitres, si ce n'est par la cargaison des contrebandiers..
4/ Frère Jean : là on rentre dans le vif du sujet. On voit l'Eglise par la fenêtre de l'Inquisition, aux procédés insoutenables, et pourtant décrits sans fard par l'auteur. C'est très marquant, sans être voyeuriste, juste la réalité crue qui rend malade quand on y pense, et qui nous fait comprendre la folie subite du Frère Jean , artiste bonhomme bien éloigné de la sévérité de l'Eglise. Le récit est palpitant et marquant.
5/ Seigneurs et Gentes dames et 6/ Corfe Gate
Après avoir appris les premiers pas de la Pavane, on rentre maintenant dans la danse finale, avec plaisir et délectation. Dans ces 150 pages, on retrouve d'abord Jesse Strange, agonisant sur son lit de mort, à la tête d'une fortune colossale amassée suite à une vie de labeur pour oublier sa déception amoureuse ; et on découvre sa petite nièce, Margaret, par le biais de la quelle on va rentrer dans la cour des chateaux médiévaux peuplant l'Angleterre. Magnifique. Puis, une génération plus tard, le combat de sa fille, Eleanor, contre l'autorité Romaine. Ce dernier chapitre est exceptionnel et se lit avec passion. Moment de bravoure où la vieille loco vient sauver la vie de l'heroine encerclée de soldats du moyen-âge...
/ Coda/ Conclusion, encore une génération plus tard. Où on découvre ce qu'il est advenu après l'issue apparente du conflit de Corfe Gate entre la liberté anglaise et l'autorité romaine. Ou on prend la mesure de tout le tableau brossé par petites touches intimistes depuis le début du roman. Où on continue à se poser des questions sur ce peuple des anciens au symbole plein de sens et de vérité. Je n'ai lu aucun commentaire là-dessus ; pour moi, il s'agit d'un peuple un fantastique, qui a vu et compris la dérive du cours de l'histoire suite à la victoire romaine sur la reine Elisabeth, et qui œuvre en silence pour que l'entropie retrouve ses droits et revienne vers un monde de technologie qu'l aurait toujours dû être. On découvre aussi que l'Eglise n'était peut-être pas aussi mauvaise que cela dans ses intentions, pour preuve les massacres de la guerre qu'elle a évités (mais comment ceux-ci peuvent-ils être connus du peuple des Anciens ? par leur don de prescience teinté de fantastique surement) ; et qu'au final, acculée, elle livrera ses richesses cachées plutôt que de les détruire.
Voilà au final un lire à lire , indispensable pour tout amateur éclairé de SF en général et d'uchronie matinée de steampunk en particulier. Je le recommande fortement ; je ne mets que 7/10 pour le moment, car les premiers chapitres m'ont paru un peu longuets, mais peut-être reviendrai-je dessus pour un 8/10 très certainement mérité dans l'ensemble.
Merci pour la lecture !
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