Ce roman historique de Matthias Enard nous emmène au début du XVIème siècle suivre les traces du grand artiste Michel-Ange parti à Constantinople à la demande du sultan pour y concevoir un pont sur le Corne d’Or. Il échappe ainsi à la situation inextricable d’un chantier pour le Pape Jules II dont il ne reçoit pas les moyens nécessaires pour le mener à bien.


L’auteur nous fait entrer dans l’intimité de l’artiste en nous contant le parcours qui l’amènera de sa Rome natale, qui a déçu ses espoirs, à la grande ville d’orient pleine de promesses. Il découvrira là-bas un autre monde qui le séduira peu à peu, mais l’enchantement ne durera qu’un temps et fera vite place aux tourments que lui attire sa notoriété.


Sur base de certains faits avérés de la vie de Michel-Ange, l’auteur imagine ce qu’a pu être son voyage à Constantinople et développe principalement la relation de l’artiste avec celui qui sera son conseiller et confident, le poète Mesihi.


Le récit parvient à captiver par son intrigue haletante et son aspect historique est assez intéressant historique pour ce qu’il nous apprend du contexte de la renaissance et de l’Empire ottoman.
« Heureux, les deux artistes retrouvent leur embarcation et quittent Scutari pour Stambul. À voguer ainsi sur les eaux calmes du Bosphore, Michel-Ange se rappelle la traversée qui sépare Mestre de Venise, où il s’est rendu dans sa jeunesse ; il n’est pas étonnant qu’il y ait tant de Vénitiens ici, songe-t-il. Cette ville ressemble à la Sérénissime, mais dans des proportions fabuleuses, où tout serait multiplié par cent. Une Venise envahie par les sept collines et la puissance de Rome. »


L’histoire personnelle de Michel-Ange et des autres personnages m’a beaucoup moins emporté. La relation entre l’artiste et le poète passe d’une amitié à quelque chose de plus ambigu.
Le conseil figurant au début du livre de ne pas oublier de nous parler d’amour fait espérer l’arrivée d’un amour authentique et l’on peut être finalement déçu de n’y trouver qu’une relation qui ne peut aboutir et auquel on peut avoir du mal à s’identifier.


Le style poétique est prenant et on se plait à découvrir ce qu’a pu être la vie de Michel-Ange à travers le récit et ses les lettres envoyées à ses proches.


« J’ai donné au Mont Athos la forme d’un homme qui, dans la main gauche, tient l’enceinte d’une cité, et dans la droite une coupe où viennent se verser les eaux de tous les fleuves qui sortent de la montagne, pour de là se répandre dans la mer. »


C’est donc un roman qui plaira sans doute plus aux passionnés d’art et d’histoire.

Dawa92
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le 15 avr. 2019

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