J’ai décidé d’ajouter ma nouvelle contribution, un commentaire, écrit dans un moment particulier - les élections présidentielles 2017 en France – pour mettre en avant cet essai, lu entre les deux scrutins .Il explore de nombreuses interrogations que traversent les sociétés actuelles. Facile d’accès, il propose une analyse des notions complexes que l’auteur met en évidence avec une simplicité convaincante.


Que-est ce que le Bien ? Quel est son rapport au Mal ? Comment à travers l’histoire des idées, à la lisière de l ‘éthique et de la métaphysique, de la théologie et de la mythologie pourrions-nous définir l’expérience de la morale «paradoxale» qui régit nos actes aujourd’hui ?


Laurence Hansen-Love tisse un fil clair entre l’Antiquité et nos jours pour démontrer l’évolution des deux concepts et de leur relation, les confrontations des penseurs, les questionnements qui en surgissent. L’objectif annoncé par le titre du livre: « oublier » et « nommer » malgré l’engagement personnel difficile à éviter, suggère dès le départ le rejet d’une conclusion trop normative ou trop morale.


Comme des morceaux d’un puzzle, les visions qui s’imbriquent, viennent progressivement pour affiner l'évolution globale des concepts :



  • le Bien est une idée en soi - Platon

  • le Bien n’est pas dissociable du Mal - Genèse

  • le Mal est une modalité du Bien - Saint Thomas d’Aquin

  • le Mal n’existe que dans le Bien - Saint - Augustin

  • le Mal est cosubstentiel de l’homme - Kant

  • l’antagonisme n'existe pas, ce n'est qu'une catégorie langagière - Leibnitz

  • l'homme libre, décide de ce que sont pour lui le Bien et le Mal - Nietzsche


En parallèle, l’anthropologie démontre que l’homo sapiens détient le « privilège » d’être l’espèce la plus meurtrière de toutes. Les exemples littéraires relèvent et creusent l’origine des actes diaboliques, tourmentés, similaires : Richard III (Shakespeare), Raskolnikov (Dostoïevski), Barbe Bleue (Perrault), ou le monstre ordinaire, décrit et étudié par Hannah Arendt. Ce qui converge vers le même constat. Derrière toute violence meurtrière, tout massacre, il y a une idée : celle de la sélection paranoïaque binaire entre les supérieurs et les dégénérés. Celle qui pousse à «fabriquer» un ennemi mental et développer un manichéisme manipulateur entre «soit eux, soit nous». Celle qui se « voulant angélique » favorise les ségrégations et les exterminations. A chaque étape où notre civilisation progresse nous semblons contraints à configurer la nouvelle perception de l’ennemi absolu. « Bien vivre plutôt que vivre dans le Bien ? » Depuis Kant, l’homme peut être athée. Dans un Etat de droit on soutient ce qui est juste, non ce qui est bien. Le Bien est devenu une notion floue et peut être oublié. Tel est le paradoxe du monde que nous sommes en train de construire aujourd’hui. En quoi est-il nécessaire de « nommer » le Mal si ce n'est pour mieux le déraciner ? Quelle est sa dimension relative? Est-il possible de la contourner? Quelle signification prend un tel acte?


Laurence Hansen-Love cherche à apporter des réponses à ces questions, tout en nuance.


Comme chaque lecture est une forme de projection de soi, voilà la fin de la citation qui a servi de titre à mon propos. J’y ai pensé dès les premières lignes de ce livre habité par les doutes et les affirmations des grands philosophes. Habité par l'Histoire. Elle m’a accompagnée, comme elle a hanté Mikhaïl Boulgakov en train de penser son œuvre phare, témoignage de la Terreur Rouge et des années 30 en URSS :



-Je suis une partie de cette force qui, éternellement veut le Mal,
et qui éternellement accomplit le Bien.



« Faust » Goethe (utilisée comme exergue pour « Maître et
Marguerite»)





Merci à @takeshi29 pour me donner l’idée de cette lecture

Anouche_Pelka
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Créée

le 15 mai 2017

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Anouche Pelka

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