Bon. Malheureusement c'est pas fameux. Mais soulignons qu'écrire ce bouquin à dû demander beaucoup de courage et que l'intention est louable. Mais ça ne suffira pas. Ça commence dès l'intro.



Alors que la médecine progresse, l'obésité gagne du terrain. Certains s'interrogent désormais sur son caractère épidémique, voir pandémique. Comme si, à force d'être en contact prolongé avec d'autres gros, il devenait impossible d'échapper à cet état.



Raté...une épidémie ne se distingue pas par son caractère contagieux mais par l'augmentation relativement rapide du nombre d'individus touchés... et... ben deux lignes en dessous Gabrielle Deydier nous donne les chiffres qui l'illustrent parfaitement... Malheureusement "l'obésité gagne du terrain" et certes, on peut discuter l'aspect épidémique de la maladie, mais se le demander n'est pas aberrant. Le terme ''anadémie'' a été créé pour refléter ce phénomène où une maladie non contagieuse se propage de plus en plus et éviter les confusions du genre. Mais cela reste un néologisme. Difficile de l'utiliser sérieusement. La remarque sur le contact prolongé, souligné de sarcasme, n'a aucun intérêt et ne sert pas la cause.


Les chiffres présentés ensuite sont pertinents vis à vis d'un certain sexisme de la société, mais encore une fois, ça ne sert pas la cause. L'obésité reste une maladie pouvant entraîner de multiples risques pour la santé. Bien que, j'en conviens, la chirurgie doit être considérée comme une solution de dernier recours, elle reste un moyen de limiter l'obésité. Cracher dessus avec encore une fois sarcasme et mépris ne sert pas la cause.


Chapitre 1 "Chris, Staci, la téléréalité et moi"



Chris Powell, beau comme un dieu de l'Olympe.



(je ne crois pas ici déceler d'ironie)


Écrire un livre pour plaider que les gros sont victimes de discrimination tout en alimentant des stéréotypes physiques... Il faut le faire...


Gabrielle prend ici l'exemple de la téléréalité absurde et amorale... Oui, c'est complètement con ou juste méchant de diffuser une émission mettant en exergue les difficultés des autres. Prendre cet exemple pour avertir que des atrocités ordinaires passent à la télé, pourquoi pas, mais le présenter comme un justificatif pour s'enfoncer dans la maladie, je ne comprends pas la démarche.


À la fin du chapitre, on effleure pourtant quelques thèmes pertinents comme le fait que d'avoir regardé cette émission l'ai faite s'identifier à un personnage qui ne lui correspond pas forcément, que les images montrées ne reflètent rien de la réalité ou autres banalités qu'il serait pourtant bon d'expliciter un peu... pour peu d'y avoir penser (en fait j'ignore si l'autrice y pense ou reste dans une provocation absurde du poids face à la bêtise "j'aimerai que le coach me voit m'empiffrer et que ça lui provoque une attaque'') mais non, on ne développe rien. On stagne sur une image de la méchante télé qui met des gros en scène...


Chapitre 2 "L'été où mon corps a muté"


Ce chapitre est le témoignage de l'autrice quant à sa soudaine prise de poids. Son vécu est ce qu'il est, on ne peu rien dire (même si c'est plutôt mal raconté et que ça aurait mérité encore une fois plus de développement, et notamment de s'attarder davantage sur ses ressentis) et il faut le prendre comme tel.


Chapitre 3 ''Vous n'êtes pas responsable de votre état''


Mine de rien, 'y a du suspens dans ce bouquin ! En fait je n'arrive pas à savoir où l'autrice veut en venir...et si elle veut arriver quelque part. Toujours est-il qu'on a ici un nouveau chapitre sur son vécu (avec une nouvelle endocrinologue qui paraît plus compétente), qui laisse planer de l'espoir. Car si dans le chapitre précédent elle semble jouer de malchance, ici, le vent à l'air de tourner. Puis vint le dernier paragraphe... incompréhensible pour nous lecteurs (en tout cas pour moi). Encore une fois, aucune explication. Pourquoi tout arrêter alors que ça semblait mieux engagé que les fois précédentes ? À cause du mauvais psy de son enfance (au passage sûrement un sacré charlatan, tout au mieux incompétent) ? À cause d'un déni ? D'une contrariété ? Rien. On passe à la suite après une ridicule déclaration : ''avoir rencontré cette endocrinologue, je le sais déjà, ne transformera pas ma vie en conte de fée''.
??? Qu'on m'amène une personne dont la vie ressemble à un conte de fée. Ce n'est effectivement pas d'une endocrinologue dont tu as besoin, mais d'un dealer... (Je reprécise que je ne comprends pas le parti pris de l'autrice, on ignore tout de sa pensée qui, si elle était impertinente dans le chapitre 1, a toute sa place ici. Je n'arrive pas à éprouver de compassion finalement, et c'est en grande partie le but d'un témoignage pourtant non ?)


Chapitre 4 "L'opération de la dernière chance".


À ce moment, je commence à avoir peur que ce livre ne ce limite qu'au récit maladroit de Gabrielle Deydier qui commence à sérieusement m'agacer à prendre des libertés avec les métiers/études des autres et clamer une certaine aversion envers la médecine (que l'on pourrait peut-être mieux comprendre avec plus de développement encore une fois).
Je note quand même une amélioration car elle nous expose ses envie et ses inquiétudes vis à vis des opérations chirurgicales. Là c'est pertinent. Bon. Voyons la suite.


Chapitre 5 "Le monstre du miroir"


Présentation de sa famille, notamment du rapport au poids qu'ont ses parents. Ça nous montre un peu dans quel environnement elle a vécu, en effet ça n'a pas dû l'aider. Par contre la lecture est de plus en plus douloureuse. Elle commence le chapitre par une situation pour digresser et ne plus y revenir. C'est un peu gênant de couper court comme ça une histoire. Et puis on a des changements de temps assez déconcertants. Ça a presque failli me perdre.


Chapitre 6 : " ''Julie sleeve'' et ''Marie by pass'' "


Ben voilà. Il aura fallu attendre le 6ème chapitre pour en avoir un intéressant, mais il est là. Gabrielle nous présente là des témoignages pleinement assumés comme tels. Tout d'abord sur des forums, elle nous montre en quelque sorte le concours ridicule et assez effarant qu'il peu s'installer entre obèses opérées. Puis des témoignages assez poignants de vécus après les opérations. Là je dis oui, ça nous montre que l'opération n'est pas un remède miracle, que la vie est dure et qu'il faut se battre. C'est triste mais c'est comme ça. Le tout saupoudré (négligemment certes mais on notera l'effort) d'apports théoriques sur le sujet.


Chapitre 7 : "Je me suis mise à vider les placards la nuit"


Encore un chapitre éloquent. Poussée par son éditeur, Gabrielle se livre sur son rapport à la nourriture et les problèmes que cela a entraîné. On se rend compte qu'être obèse n'est pas seulement un problème de poids, et ça c'est bien, c'est le genre d'info qu'il faut véhiculer.


Chapitre 8 :" ''FA" cherche ''BBG'' "


Bon, c'est pas mal encore une fois. Le témoignage de Gabrielle a son petit impact. Mais je trouve qu'elle fait des contre sens à tantôt considérer les personnes obèses comme très bien comme elles sont, qu'il faut qu'elles s'assument pleinement, tantôt à mentionner que l'obésité est bien un maladie : on en souffre. C'est un peu contradictoire à mon sens.


Chapitre 9 : "Qui veut gagner des millions"


Bon, là je ne comprends plus. Si au chapitre 4, on la prévient que les cliniques ont des intérêts financiers à outrepasser les règlements pour effectuer les opérations, entraînant des complications pour les patients, et que ce n'est pas le cas des hôpitaux publiques, pourquoi aller dans une clinique ? Uniquement pour ce bouquin ? Ce n'est pas dit. On ne sait plus si ses actions sont mues par sa volonté à maigrir (si elle l'a) ou si elles sont motivées par l'écriture de ce livre. On se perd...c'est très mal rythmé et mal écrit.


De plus, si bien souvent, Gabrielle note les références des études d'où elle tire ses chiffres et données (et ça c'est bien), elle se laisse emporter par des interprétations personnelles (et ça c'est pas bien du tout).


Puis elle retrouve un chirurgien qui avait fait une erreur, forcément, elle ne part pas avec une bonne image le bilan ne peut qu'être mauvais, bon, pas très pertinent encore une fois.


Chapitre 10 "Où sont les gros ?"


Aïe, ça y est, on retombe dans le piège : ''les gros sont géniaux''. Si au début elle se plaignait que les obèses étaient moqués dans des émissions, là elle se plain qu'ils ne sont pas assez présents à l'image et au cinéma... Mais le problème, c'est que si on devait remplir un ratio de personne malade en comptabilisant toutes les pathologies existantes dans chaque film, on se retrouverait avec des films bien compliqués et peu crédibles finalement. Je pense qu'avant de blâmer les médias audiovisuels, il faudrait d'abord questionner l'importance qu'on leur accorde et le reflet que nous voudrions y voir. À débattre...


Puis elle énumère les militants anti-"grossophobie" et les gros sur le devant de la scène, mouai, ça donne de la visibilité, pas de la crédibilité.


Quant au passage sur l'utilisation du mot ''gros'' à utiliser sans valence positive ou négative, de l'utiliser comme ''grand, petit, blond, roux etc.'', je suis d'accord. Par contre de ce fait, l'utiliser pour désigner des personnes obèses est-il approprié ? Quand on dit de quelqu'un qu'il est grand ou blond, ce n'est pas pathologique. Ici ça l'est. Je pense qu'il faut donc différencier une personne grosse d'une obèse. Encore une fois, à débattre.


Bon. Qu'en penser finalement ? Je pense que ce livre se prend un peu trop au sérieux. Déjà, l'absence de préface et de présentation du livre, de son intérêt, son but, lui enlève le mérite d'être ce qu'il est. Et ce qu'il est, c'est une pâle copie de collégienne voulant se faire entendre. On n'a aucune cohérence dans la narration, tout est mélangé, c'est n'importe quoi. L'autrice dit juste à la fin qu'elle voulait faire un état des lieux, voir où en est l'obésité en France. Ben v'là la gueule de l'état des lieux. On n'a pas apprit grand chose. Le livre aurait mérité au moins le double de pages et une structure sérieuse pour prétendre sensibiliser sur le sujet de l'obésité.


Malgré quelques passages assez parlant et touchant, c'est mauvais. D'autant plus que je suis vraiment déstabilisé par le fait qu'à plusieurs reprises elle semble encourager les obèses à le rester. J'ai peut-être, et sûrement (je l'espère) mal compris mais c'est très très difficile de tirer une volonté claire de la poisse qu'est cette écriture laborieuse. Et quand j'espère que les témoignages sont là pour nous montrer à quel point il peut être difficile d'être obèse, qu'ils nous montrent la face cachée de l'iceberg, j'ai l'impression qu'elle s'en sert parfois pour dédramatiser l'obésité. Et ça c'est problématique. J'espère me tromper.



J'espère qu'un jour, nous les gros, nous mettrons fin à notre cavale.



La cavale est une chose, les cavaliers en sont une autre.

FunkyDung
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le 20 oct. 2021

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FunkyDung

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