Des histoires courtes, bien écrites, les pages se tournent rapidement, ce serait formidable s'il n'y avait pas un gros problème de chutes, et quand il s'agit de nouvelles, c'est malheureux, car on peut dire que c'est la chute qui fait la nouvelle... Une nouvelle avec une mauvaise chute, c'est comme regarder un court-métrage, penser que le réalisateur veut nous emmener quelque part, et faire du surplace, en rester à la description de chose anodine. Pourtant, on est maintenu en haleine dans certaines histoires, pour se vautrer au final dans une chute sans imagination, soit hautement prévisible, soit incohérente ou anodine, comme une bonne histoire avortée, en plein milieu...
Par exemple, dans l'histoire de la riche courtisane, on est séduits par l'histoire, impatients de connaître le fin, et on s'exclame: oh ce n'est que ça!
Des fins incohérentes: on ne comprend pas comment la courtisane milliardaire qui a passée toute sa vie centrée sur elle-même, fait un tel cadeau. Si c'est par remords ou pour remercier son ancien amant de cette courte incursion dans son passé, en tout cas, c'est particulièrement peu crédible. Même chose pour la pessimiste, qui semble plus une maniaque de l'ordre qu'une pessimiste finalement, heureuse de communiquer son bonheur, dans une nouvelle simpliste où la même scène se répète d'une façon trop peu crédible.
Dans Tout pour être heureuse, la double vie de l'homme qui n'arrive pas à faire un choix, est particulièrement pathétique. C'est celle que j'ai trouvé la plus ratée, naïve et non crédible.
L'histoire du faux Picasso est un petit bijou gâché, l'idée d'une vengeance qui devient un don après la mort, est superbe mais totalement gâchée par une fin qu'on voit venir de très loin, et un scénario irréaliste. Tu vois souvent des gens même aisés se payer des Picasso, toi? C'est maladroit de n'avoir pas évité cet écueil. Dans L'intruse aussi, bien qu'on ne devine pas forcément tout (le fait qu'elle soit sa mère, son âge réel, bien qu'on la soupçonne plus âgée qu'on nous la montre, et que la vieille dame soit elle dans sa glace), on devine quand même beaucoup trop de choses pour que ce soit emballant. Il y a des moments tellement clichés, comme cette princesse sauvageonne qui se balade pieds nus, que ça en est irritant, et la fin tombe retombe comme un soufflé au fromage.
Malgré le plaisir du récit et du style, c'est par moment trop mielleux, des rencontres amoureuses de romans sentimentaux. Le thème du recueil semble être "le bonheur, c'est dans les gens simples qu'on le trouve" et "le bonheur dans les petites choses" (que j'oppose au luxe pour bien faire comprendre à mes lecteurs), sans être ontologiquement fausse bien sûr, l'assertion est jolie, mais souvent développée de façon naïve. Au passage des justifications de naïves de mâle: il semble assez obsédé par le thème je trompe ma femme autant que je peux, mais c'est pas grave, je l'aime. Bof. Dans Odette toulemonde, je comprends la naïveté du propos, le besoin d'avoir une littérature sans chichis, qui communique, plutôt qu'elle ne parade, le message "la littérature peut changer la vie", mais ça me fait trop penser à de la défense de littérature de gare ("c'est beau parce que c'est populaire") style Marc Lévy, tout ce que je déteste.
Ses louanges du monde anonyme et laborieux des tout le monde, avec des caissières droguées au mauvais goût et aux séries TV qui appellent leurs enfants Rudy et Sue-Ellen, lisent très peu sauf de livres, sauf des I feel good, font l'effet inverse d'une louange. Le petit monde, c'est forcément des gens peu instruits, mais qu'est-ce qe ça les rend beaux! On est en plein dans le mythe rousseauiste démago du bon sauvage à peine modernisé...
ça laisse un tableau très inégal, mais pas désespérant:
Style 4/5, plaisir de lecture 4/5 (distrayant mais incohérent,
absurde, naïf ou avorté),
Personnages 2/5 (incohérents et clichés
parfois)
et intrigue 1/5...
Créée
le 3 janv. 2018
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