A la merveille

Par pure curiosité ( et peut être par manque d'inspiration, ou que sais je encore), je me suis mise ces dernières semaines à lire le programme des oeuvres du concours de l'agrégation de lettres modernes cette année...
Parmi les livres, il y avait donc, Noces d'Albert Camus.

J'étais heureuse de me replonger dans Camus.
Il y a 4 ans, L'Etranger et Le mythe de Sisyphe avaient boulversé ma vie.
J'ai lu Noces et là, je me suis déjà demandée comment j'avais pu me passer des mots de Camus aussi longtemps, comment j'avais pu me contenter de ces deux livres sans chercher à aller plus loin. Plus les pages avançaient et plus la beauté me submergeait. J'ai beaucoup pleuré en lisant Noces. Pourquoi pleurer ? Je pense que ce qui répondrait le mieux à cette question est une citation d'un film que j'aime beaucoup :

C’est là que j’ai compris qu’il y avait autre chose, au-delà de l’univers, plus loin que la vie. Je sentais cette force incroyablement bienveillante qui me disait qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. Jamais ! Sortie du contexte les images n’ont aucuns sens je sais mais... ça m’aide à m’en souvenir, j’ai besoin de m’en souvenir. Et parfois je me dis qu’il y a tant de beauté dans le monde que s’en est insoutenable. Et mon cœur est sur le point de s’abandonner ...
Bien sûr je pourrais être aigri de ce qui m’est arrivé. Mais c’est inutile. Il y a tant de beauté dans le monde. Parfois j’ai l’impression qu’elle me submerge, de partout en même temps, mais c’en est trop. Mon cœur se remplit comme un ballon, prêt à exploser. Et là, je comprends qu’il faut que je lâche prise, que j’arrête d’essayer sans cesse de m’y raccrocher. Et ça glisse sur moi comme de la pluie. Et je ne peux plus rien éprouver d’autre que de la gratitude pour chaque instant de mon insignifiante petite vie. Vous ne comprenez pas ce que je suis en train de vous dire n’est ce pas ? Ne vous en faites pas, un jour, vous comprendrez. (American Beauty)

C'est amusant mais en lisant ce Camus, j'ai eu la même impression que j'aie lorsque je regarde un Terrence Malick. Sa façon de décrire la nature me fait penser à ce que mon réalisateur fétiche fait avec sa caméra. J'y ai vu un même langage mais pas dans la même forme.

Il y a des tableaux dans ce livre qui sont forts et puis il y a les réflexions de Camus sur le monde, sur sa violence, sur son incapacité à s'y sentir chez lui tout en étant incapable d'y renoncer totalement. Parfois j'ai eu le sentiment de me retrouver dans ses mots. Ce côté misanthrope et en même temps cette sensibilité qui amène à voir la beauté dans les choses les plus simples et banales de la vie. J'aime chez Camus cette façon de dénoncer mais de ne pas renoncer, comme s'il restait au fond, une part d'espoir, une part d'engagement qu'on ne peut pas arracher.

Noces est un hymne à la beauté et au désespoir. Il y a une dualité entre la violence humaine et la nature salvatrice.
On en ressort ému, grandi, effrayé et émerveillé.

Je n'ai plus maintenant qu'à dévorer tout le reste de Camus qui, à mon avis est parti bien top tôt.