Mon chien Stupide
7.3
Mon chien Stupide

livre de John Fante (1985)

Mon chien stupide est une tragi-comédie insolente et drolatique qui baigne dans les clichés du rêve américain tout en les remettant en cause d’un coup droit bien visé.


Une maison en Y en bord de mer, une grande avenue flanquée de maisons, on imagine presque les pelouses parfaites et les parterres de rosiers des lotissements américains. Un écrivain raté qui peine à écrire la moindre ligne, une femme au foyer dont les enfants ingrats et insolents sont désormais adultes et un chien, stupide et obsédé par l’usage de son « glaive ». Stupide débarque un soir de pluie, d’emblée il dénote sa folie : il semble mort mais prend en fait plaisir à dormir, comme une masse, sous la pluie. Hors de question d’accueillir de nouveau un chien dans la famille. Stupide saura pourtant s’imposer dans cette famille de père homophobe et de mère raciste. Ce chien akita qui ressemble à s’y méprendre à un ours, est le fil conducteur d’une histoire loufoque mais pas moins émouvante. Stupide révèle le malaise latent qui a grandit autour de cette famille où aucune situation n’est réellement stable et normale. La mère écrit les dissertations d’un fils qui tente désespérément d’échapper au service militaire, le père ne jure que par ses racines perdues italiennes et ses voitures, les enfants vont et viennent dans une grande maison qui ne ressemble en rien à celle du bonheur.



« Au-revoir, P’pa. Merci pour tout. » Il m’a vraiment dit ça. Merci
pour tout. Merci pour l’avoir engendré sans lui demander la
permission. Merci pour l’avoir fait entrer de force dans un monde de
guerre, de haine et de fanatisme. Merci pour l’avoir accompagné à la
porte d’écoles qui enseignaient la tricherie, le mensonge, les
préjugés et les cruautés en tous genres. Merci pour l’avoir assommé
d’un Dieu auquel il n’avait jamais cru, de la seule et unique église –
que toutes les autres soient damnées. Merci pour lui avoir inculqué la
passion des voitures qui provoquerait peut-être un jour sa mort… Merci
pour tout. »



John Fante entraîne le lecteur au volant de sa Porsche à 160km/h, pas un moment de pause ou d’ennui. Ici l’anglicisme est de bon ton, Mon chien stupide est un véritable page-turner, 150 pages de jubilation et souvent même de rires. Le lecteur se délectera d’une des premières scènes du roman (car oui c’est presque du théâtre tant l’écriture est vive et acerbe) : Stupide est conduit à la plage par la grande avenue bordée de maisons dont chacune est surveillée par un chien jusqu’au moment où il rencontre LE berger-allemand…Absolument cocasse, drôle et caricatural. A lire entre deux romans glauques, un jour de pluie, après le travail, pendant une migraine ou même la grippe. A lire pour être bien.

Dadou-lit
8
Écrit par

Créée

le 24 mai 2018

Critique lue 673 fois

2 j'aime

Dadou-lit

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