Mayrig
7.7
Mayrig

livre de Henri Verneuil (1985)

Quand j'avais vu les deux films de Verneuil "Mayrig" puis "588, rue Paradis" que j'avais beaucoup aimé, je m'étais naturellement procuré le roman du même Henri Verneuil et que j'avais à l'époque tout aussi apprécié.
Là, je viens de relire le roman et encore une fois la magie a opéré : j'ai encore bien aimé...


Il faut dire qu'il y a un truc curieux dans ce roman. Habituellement quand un cinéaste s'empare d'un roman pour l'adapter au cinéma, on observe que la durée d'un film impose de faire des choix d'évoquer ou non tel passage ou tel personnage.
Là évidemment, c'est un peu différent puisqu'auteur, scénariste et réalisateur sont une seule et même personne ... Mais ici les films font apparaître des personnages supplémentaires ou certaines actions du roman sont plus développées ...
Finalement, c'est un peu comme si 6 ans après avoir écrit son roman autobiographique, la parole s'était un peu déliée ou comme si Verneuil avait accepté de livrer un peu plus de sa vie.


Il reste que le roman "Mayrig" est un concentré d'émotions de cette enfance à la fois dure par les conditions extrêmes de l'exil et de l'immigration "in terra incognita" et tendre par le cocon familial qui a entouré le petit Achod Malakian.


"Mayrig" est encore un de ces livres qu'on ne sait pas lâcher une fois en mains. Il nous submerge d'émotion. Il nous fait pénétrer dans un monde heureux où rires succèdent à l'émotion la plus pure. Je devrais dire plutôt que "monde heureux", une bulle heureuse dans un monde réel. Il y est question d'amour, de respect, de pudeur, d'apprentissage de la vie, de dépassement de soi.
On n'y sent ni pathos, ni exagération, juste un amour familial tel que, personnellement, je ne crois pas avoir jamais vraiment connu. En tous cas, pas à ce point.
On y sent même des odeurs comme celle du gigot qu'on porte chez le boulanger car on n'a pas de four ou comme celle des "paklavas" qu'Henri Verneuil se plait à nous en décrire la longue et minutieuse confection.


Un livre qui rappelle le sort dévolu aux arméniens par les turcs et qui rappelle, à moi en tous cas, tous ces arméniens, admirables, fiers de leur origine, arrivés en France au début du XXème siècle sans rien et qui ont su, à la force de leurs poignets, à force de travail et de sacrifices, s'intégrer complètement et se refaire une vie. Malgré un climat d'accueil parfois hostile, en tous cas pas toujours tendre.


Un livre passionnant écrit dans une langue très fluide, très agréable, très parfumée qui coule comme le miel ou la confiture de rose (qui était exclusivement réservée à Achod)

JeanG55
9
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le 15 févr. 2022

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