Dans Lumière d'août on rencontre :



  • une jeune fille sur les routes, le ventre rond, à la poursuite de son ancien soupirant ;

  • un enfant mâle au « sang mêlé », un « nègre blanc » né sous le signe de la faute et de l'expiation, tour à tour abandonné, insulté, châtié, craignant la femme compatissante plus que l'homme brutal, et finalement acculé au meurtre par ceux-là même qui le punissent ;

  • un pasteur disgracié, obsédé par l'image de son grand-père caracolant, veuf d'une femme perdue et témoin impuissant de la fatalité ;

  • un ouvrier de la scierie locale, jeune homme insignifiant sur lequel nul ne se retourne, menant une existence terne, travaillant plus qu'il ne lui est demandé, puis soudainement foudroyé par l'amour là où il ne pouvait s'y attendre ;

  • un jeune voyou, bootlegger à ses heures perdues, assoiffé d'argent sale et facile, engrossant les filles avant de prendre la ligne de fuite ;

  • des maris fanatiques et puritains, méprisant la vile femelle par qui le malheur arrive, châtiant tout corps impur dans un éclat prévisible de violence ;

  • une vieille fille vouée à la cause des Noirs, successivement chaste, nymphomane et pénitente, découvrant la souffrance dans le plaisir et le plaisir dans la souffrance ;

  • une ville suffoquant sous le soleil d'été, pétrie de haine et de puritanisme, à qui la Loi offre en pâture ses criminels ; des épouses et des amantes perçues comme des êtres fourbes, manipulateurs, la langue toujours bien pendue pour ne rien dire ; des hommes persuadés qu'ils tombent dans le malheur, la « chiennerie » et l' « abomination » par la seule faute des femmes ; des hommes violents, des hommes à la fois aveugles et conscients, des hommes déterminés à agir par des causes qui les précèdent et les dépassent, des hommes modelés par le destin et sur qui le destin s'abat.


Christmas (comme le Christ) est la victime qui s'offre et s'abandonne afin qu'advienne l'expiation collective.

Mnemosynnaf
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le 17 févr. 2016

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Mnemosynnaf

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