Un demi Tour du Monde

Phileas Fogg l' homme propre comme un sou neuf, lisse sur qui tout glisse, ce brave Passepartout doué dans l'art se se lier et qui a tout l'air d'un métis dans le genre Alex Dumas, et la princesse "borderline" Aouda à la diabolique beauté ouverte à tous les sens, opèrent en aveugle un voyage extraordinaire.
En réalité ils se nomment Charles et Anna Lefevre, Laurent est le meilleur ami du premier, et non Alexis Michalik n'est pas Jules Verne. Il a su s'offrir deux parrains prestigieux pour tenter le pari du roman d'aventure revisité à notre époque.
De Jules, il reprend un peu maladroitement le didactisme du planté de décor, un tel voyage nécessite des points d'ancrage, et il joue le voyage dans le Temps, l' Histoire, autant que celui dans l'espace, le monde étant son terrain de je(u). D'Alex il revisite de la sage familial rocambolesque mû par la Vengeance et la Revanche. Le Père n'a presque rien à envier à Edmond Dantès.
Le style rapide efficace, sert une course effrénée, une lecture facile et aérienne pour un pavé de 700 pages aussi léger qu'un Millefeuille réussi. On se demande parfois comment l'auteur va retomber sur ses pattes, on le trouve parfois trop pressé. L'introduction est un lest un peu balourd qui ose le voyage métaphorique, la quête de soi. Michalik ne dédaigne pas la sorcellerie et l' irrationnel pour guider des voyageurs perdus qui vont se trouver par le voyage. La conclusion est nettement plus convaincante, portée par la force du récit et fait écho à la phrase finale de Jules dans son Tour du Monde. Le Bonheur est loin, il est une invitation à aller le chercher, oser étant la clef qui ouvre la Porte à la liberté. Banal ici ce constat prend réellement sens après l' épopée...

Quel sagittaire cet Alexis ! Jusque dans cet optimisme tranquille qui lisse un peu trop le récit peut-être? Coup de chapeau à son imagination familiale déployée dans les interstices de l' Histoire.