Dans cette histoire, le point Cardinal ; c'est Milady!

Avec la sortie d'un nouveau film (encore!!) Les Trois Mousquetaires cette année, je me suis dis que c'était une bonne occasion de mettre fin à une honteuse inculture littéraire et de découvrir enfin ce grand Classique parmi les Classiques.

Après tout, jusqu'à présent, je ne connaissais de nos fameux Mousquetaires que le film de 1948 (fort sympathique), le nanar inter-galactique de PWS Anderson (qui est à l’œuvre de Dumas ce que Saint Seiya est à la mythologie Grecque) et quelques trucs périphériques (du type L'Homme au Masque de Fer, La Fille de D'Artagnan, le On Va Faire Cours consacré etc...). J'ai donc sauté sur l'occasion pour découvrir la base originelle de toute cette hype qui gravite autour de ces Mousquetaires (corps d'armée qui n'en méritait peut être pas tant).

Et autant le dire d'emblée, j'avais de grosses exigences ; que diable! nous parlons quand même d'un des livres de fiction (oui, car c'est de la fiction hein, même si certaines éditions veulent le vendre comme un court d'histoire pour les nuls) les plus impactant de l'Humanité. L'une des histoires la plus souvent adaptée, un livre qui recueille habituellement des avis dithyrambiques (Senscritique ne faisant en la matière pas exception...).

Et bien, Dieu que ça partait mal...

Pendant toute la première moitié du Roman, je me disais à part moi : "punaise, toi, je vais te saquer une fois terminé mon coco!..."

Seulement voilà, il y a eu la seconde partie et je dois dire que mon regard s'est progressivement adoucis pour tomber plus ou moins sous le charme (bon, pas complètement, mais un peu quand même).

Alors est ce que ce Livre mérite selon moi un tel succès? Non, clairement pas.

Mais il reste plaisant à lire, faut le reconnaitre.

C'est amusant, quand j'y pense, il m'a fait penser à la Série Kaamelott d'Astier (calme toi, je m'explique) sauf qu'il a produit sur moi l'effet tout à fait inverse ;

Dans Kaamelott comme dans les 3 Mousquetaires (toutes proportions gardées bien sûr), on commence le récit sur un ton léger et bouffon. Puis il y a un basculement vers quelque chose de beaucoup plus sérieux, sombre et dramatique avec une vraie rupture de ton, par certains aspects fort déstabilisante.

Sauf que là où, dans Kaamelott, j'adorais la partie "comique" et j'ai complètement décroché dès l'instant où le Show a commencé à se prendre au sérieux, dans ce livre, c'est au contraire la partie "bouffonne" qui me rebutait un peu et c'est le basculement dramatique qui a éveillé mon intérêt.

Au début, tout va très vite, tout s'enchaine de manière précipité, burlesque, rien n'a d'importance, les enjeux sont traités avec légèreté...

Sur la fin, on a plus de lenteur (les chapitre de la captivité sont particulièrement éloquent à ce niveau, jamais au vue du début du récit, je n'aurais pu imaginer tomber sur eux dans le même livre), les enjeux sont traités avec gravité, la gaudriole s'efface pour laisser place à la mélancolie et à la fatalité. Et, quand enfin, Milady de Winter is coming, tout gagne en épaisseur.

Et le personnage qui sauve vraiment ce Livre à mes yeux, c'est bien l'amie Milady. On fait monter la sauce la concernant pendant la 1ère partie. On nous tease un personnage absolument redoutable. Mais on s'impatiente ; qu'a-t-elle donc de si spéciale? Vous n'arrêtez pas de nous dire à quel point elle serait redoutable, mais je ne crois pas sur parole moi, je veux le voir, montrez, montrez... Et le Livre fini par le montrer et comme on le sait, plus l'attente est longue, plus le plaisir est grand ; je n'ai donc pas bouder le miens. En mettant Milady dans une situation qui semble absolument désespérée pour elle. En arrêtant la frénésie du récit sur sa captivité. En la faisant évoluer petit à petit, de façon relativement réaliste. Par tous ces petits artifices, on comprends enfin à quel point cette femme est dangereuse et badass. Et ça fait plaisir de s'attacher à un antagoniste comme ça.

Car oui, autant crever l’abcès d’emblée et faire mon honteux coming-out dès à présent : dans ce Livre, j'étais à fond du côté du Cardinal et de ses sbires et je n'avais qu'une envie ; voir les Mousquetaires échouer lamentablement et se morfondre dans des abimes de douleurs et de désespoir.

Car bordel, oui, qu'est ce que ces Mousquetaires m'ont été insupportables (d'où mon soulagement quand enfin, j'ai pu me raccrocher à quelqu'un d'autre en la personne de cette très cher Milady).

Alors bon, passe encore Athos ; Athos, il est intéressant, je dois l'admettre et il dégage véritablement quelque chose.

Mais les autres! Oh mon Dieu, les autres! Mais quelle purge mes amis!!

Déjà d'Artagnan ; on comprends mal par quelle escroquerie, par quelle vile fourberie du destin, ce dernier a réussi à s'accaparer dans l'imaginaire collectif le statut de "héros" de l'histoire. Non, non et non. Le Héros, celui qui agit, c'est Athos. D'Artagnan ne fait que subir et suivre. De plus c'est un insupportable connard. Il n'a aucun but particulier (à part faire chier le Cardinal, parce que c'est tendance dans son milieu). Son love-interest semble tellement accessoire à ses yeux (et par conséquent aux notre) que ça ne constitue pas un moteur crédible à ses motivations. Il est d'une bassesse assez exceptionnelle, avec les femmes, avec les domestiques...

Et les deux derniers, n'en parlons même pas tant il n'y a rien à en dire ; des figurants de 5ème zone, même pas digne d'être cité. Aramis n'a pour lui que le runing-gag (assez vite éculé) de sa vocation sacerdotale et en ce qui concerne Porthos, je laisse la parole à Milady car c'est encore elle qui le définie le mieux : "C'est un sot, un fat et un niais, qui ne mérite pas qu'on s'en occupe."

C'est assez étonnant d'ailleurs ce manque d'équilibrage dans les personnages. M'enfin je comprends mieux maintenant, rétrospectivement, pourquoi Athos avait toujours été mon préféré du quartet ; c'est simplement le seul véritable personnage digne d’intérêt.

En plus, difficile pour moi d’éprouver la moindre once de sympathie et solidarité avec eux, tant leur actions sont constamment mesquines, égoïstes, vaines voir carrément félonnes.

Parce que bon, le Cardinal, qui est présenté comme l'odieux antagoniste dans toutes les oeuvres gravitant autour des Mousquetaires, que fait il? Bin il traite ces Mousquetaires avec le plus profond respect. Il cherche à défendre les intérêt du Royaume. Et il ne cherche des poux aux "héros" que quand ceux-ci contreviennent ouvertement aux Lois (duels proscris par exemple) et aux intérêts de la France.

Les Mousquetaires eux, que font ils? Ils décident d'aider la Reine à tromper le Roi et le Royaume avec un psychopathe Anglais prêt à déclencher une guerre meurtrière pour assouvir ses caprices d'enfants gâté... Pourquoi? Sont ils au service du Roi ou des coucheries de la Reine? Je me le demande... Ils passent leur temps à ourdir des combines pathétiques pour se faire trois francs six sous. Ils sont lourds, patauds, niais, versatiles et imbu d'eux même.

Bref, leur juste place dans ce récit aurait été sur l'échafaud et ils ont bien de la chance d'être tombé sur un Cardinal aussi magnanime et ouvert d'esprit...

Mais bon, trêve de digression et concluons :

Le livre se lit bien. Il est remplis de dialogues cocasses et amusant. Il y a quelques moment de bravoure badass (je vise Milady ici, pas les Mousquetaires). Il possède un personnage iconique vraiment bien campé et bien écrit en la personne de Milady, qui est, niveau "femme fatale", l'un des prototype les plus abouti qu'il m'ai été donné de croiser tout support confondu. Il y a mélange avec les situations historiques (siège de la Rochelle, meurtre de Buckingham etc.) qui est très plaisant pour quiconque s'intéresse à cette période et on sent en lui un énorme potentiel (d'où le nombre d'adaptations j'imagine).

Mais c'est loin d'être à mes yeux le chef d’œuvre tant vanté : il est bourré d'incohérences grossières digne d'un débutant au niveau des personnages et des actions (certains changent sans raison de traits physique ou de titre de noblesse d'un chapitre à l'autre!), il est pas avare en coïncidences grossières et fort peu crédibles ("Oh!!! Ca alors, comme de par hasard...."), il a de nombreuses longueurs (les débats de sous-sous entre les Mousquetaires sont d'un pénible), il possède le groupe de protagoniste le plus mal écrit (exception faite d'Athos), le plus énervant, le moins attachant et le plus mal équilibré qu'il m'ai été donné de voir (une fois encore, tout support confondu), il abuse un brin des dialogues au détriment de l'action et des descriptions (et c'est moi qui dit ça, alors que je suis d'ordinaire plutôt enclin à apprécier cela dans les livre, c'est dire!), il semble beaucoup se chercher au niveau du style et du ton...

Bref à mes yeux, il ressemble plus à une (très bonne) ébauche de script qu'à une œuvre achevée, pleine et entière.