Avant toute chose, il convient de préciser que je n'aime pas les nouvelles. J'ai ce type d'esprit lent qui a besoin de 250 pages pour commencer à rentrer dans une histoire, si bien que je ressens toujours une certaine déception quand le récit s'interrompt au bout de quelques pages. Et ces histoires marginales, comme le dit le titre en espagnol, sont de ce type : brèves. Voire très brèves. D'ailleurs ce ne sont pas non plus des histoires à proprement parler. Si bien que ce sont à peine des nouvelles, finalement. Il s'agit davantage de sortes de chroniques que Luis Sepúlveda, auteur chilien reconnu, égrène dans le désordre, comme s'il s'agissait d'une conversation entre amis. La plupart de ces réflexions sont bien connues des profs d'espagnol, qui ont eu maintes occasions de les trouver dans les manuels ou même les sujets de bac : "Un tal Lucas", "Fernando", "Las rosas de Atacama" ou "Salud, Profesor Galvez", n'ont plus de secrets pour des générations de lycéens. Il faut dire qu'elles ont la vertu d'offrir un panorama assez dépaysant, du point de vue culturel, de ce lointain pays, le Chili, où la réalité recèle bien des surprises, sous des apparences parfois banales. La force de Sepúlveda, c'est sa faculté à mettre le doigt sur des points sensibles, dont le point commun est l'amour du prochain. Notamment de l'humble prochain. Il avoue n'avoir jamais éprouvé le moindre intérêt pour ce qui se passe dans les quartiers chics, et c'est tout son intérêt littéraire, à l'opposée de ces feuilletons désolants qui ne brossent que les portraits clinquants de riches abrutis désœuvrés. Sepúlveda, lui, se prend de passion pour un humble enseignant en retraite, des Mapuches délaissés par le pouvoir central, des hippies perdus dans la pampa, des journalistes réduits au silence par un régime de brutes, ou ces menues fourmis qui "déménagent le monde". Un regard singulier sur une Amérique Latine plurielle, qui nous ramène à ce qui nous unit tous.

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le 31 août 2017

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