J'avais lu en français l'extrait sur le marchand d'huile, ça dormait dans un coin de ma tête..


Les souvenirs d'enfance de Cavanna, fils d'un père italien maçon à Nogent et d'une mère française qui s'use les mains à faire la lessive.


Les mètres. Premier portraît du père et de son sabir italien. La boite à fourbi.
Rue Sainte-Anne. Description de la rue, avec le restaurant "Le Cavanna" (aucun rapport), la vieille ville qui date de Charles VII.
Le Fernet. Un alcool noirâtre qui soigne tout, paraît-il.
Vercingétorix. Les préjugés des jeunes cons français contre les Ritals, ces demi-singes qui jouent de la mandoline. Préjugés que l'on retrouve entre Italiens du Nord et Italiens du Sud. La minestra. Les culs-bénits. Une sortie le dimanche avec le père. Considérations sur les Gaulois du Pô.
La maladie. La tuberculose et la vérole. Les bruits qui circulent dessus.
Bourbaki. Les clodos qui trainent autour du fort, et notamment celui qui fait le plus peur, Bourbaki.
Tino. La TSF, Tino Rossi, qui rend les minettes folles, et Charles Trénet. Souvenirs de séances de cinéma agitée du jeudi après-midi (qui était sans cours, à l'époque). Combines diverses.
Le drapeau. Caractère apolitique de l'immigré italien. Ambivalence vis-à-vis du Duce. Lyre garibaldienne. Banquets de garibaldiens où des salauds saoulent à mort le père.
Le pêcher. Le père plante un pêcher, qu'il abrite sous un parapluie.
Le pavillon. Histoire tragique de l'oncle Jean, qui avait gagné assez de sous pour acheter un terrain et y construire une maison... jusqu'à la crise de 29. Il vécut avec ses enfants des décennies dans la maison pas finie, avant de la vendre en viager.
Au bout d'une fourche. Relation conflictuelle avec la mère, qui se tuerait pour son fils mais ne cesse de le culpabiliser ou de le rabaisser.
Le claque. Première prostituée. Complexe de l'institutrice.
La bibliothèque. Amour des livres. M. Pierre Champion, maire de la ville.
Le camion. Déboires de Nino, chauffeur de camion du grand Cavanna (le patron de l'entreprise de bâtiment), qui râle sur son métier. Le vélo. Le petit frère d'un pote endormi à l'éther pour ne pas avoir à le surveiller. Les bals musette.
Le cordillon. Magie de l'accordéon. Cuite au vin après avoir découvert Rabelais.
La postich**e. Portraîts de camelots et de leur bagout.
**Les amygdales
. Opération des amygdales et circoncision. Préjugés antisémites.
Le çoumaze. Période de chomage du père en 1932. Peur de perdre le permis de travail : demande de naturalisation.
Bibi Fricotin. Les illustrés. Première amours pour les Pieds Nickelés et Bibi Fricotin, hélas désapprouvés par les prêtres. Arrivée en fanfare des illustrés américains : Tarzan, Picsou, etc...Charge contre Racine et Chateaubriand.
Le tour du monde. Tentative de fugue à 14 ans, après un passage traumtatique au travail à la chaîne comme fraiseur. Redoublement pour avoir le brevet. Préparatifs (couteau, lampe de poche, atlas). Départ en plein mois de février, pendant 10 jours d'errance à vélo jusqu'au Massif Central. Retour par inquiétude pour les proches.
Le marchand d'huile. Trésors du camion du marchand d'huile. Le chanteur de rue. Jeu de cache-cache avec des filles, qui dégénère en semi-tournantes. Histoire de la cigarette à fumer en entier.
L'âne. Histoire racontée par le père sur un gars qui veut habituer son âne à ne pas manger.
Le conditionnel. Pas de conscience d'être pauvre, mais un sentiment de privation qui pousse à s'imaginer qu'on possède ce qu'on voit dans les vitrines. L'album "Les merveilles du monde" en images du chocolat Poulain.
Le voleur. Combine pour voler un illustré, jusqu"au jour où le jeune François se fait prendre par une vieille vichyssoise. Chantage que le petit Pruvost lui a fait subir car le jeune Cavanna piquait dans la tirelire où il était censé garder de l'argent pour un compte épargne.
L'arabe. Pauvre gars qui vient tous les jours demander du boulot et finit par en obtenir. En attendant, le père de C. lui donnait de l'argent pour manger et a refusé d'être remboursé.
Le cien del couré. HIstoire d'un curé arnaqué par un paroissien qui le persuade que son chien pourrait apprendre à parler.
Tu m'as compris tu m'as. Cavannah reconnaît avoir parlé plus de son père que de la communauté rital. Fin du livre en 39, invasion de la Pologne par Hitler, lui ne se sent pas concerné.


Ce livre me parle beaucoup car j'ai l'impression de lire le décalque, 20 ans plus tôt, de l'enfance de mon père dans la banlieue est. Le style de Cavannah est oral (imitation de l'accent italien, apostrophes au lecteur) et ne cherche pas la perfection formelle, mais va à l'essentiel sur les moments qui l'ont le plus marqué. Une vision sans concession de l'enfance, avec une indéniable nostalgie pour certaines choses du passé disparues, mais aussi une lucidité sur la pauvreté, l'absence d'éducation, d'hygiène, les maladies, etc...La nostalgie semble cependant l'emporter, et ce livre est très humain, et pose les problèmes à l'échelle de la morale individuelle, du ressenti, plutôt qu'il ne colle des étiquettes. Je me sens un peu désarmé pour en parler, expliquer ce qui en fait le charme, mais il a l'aura d'un classique.

zardoz6704
8
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le 16 juil. 2015

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zardoz6704

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