Les Piliers de la Terre par Galadriel

Les Piliers de la Terre. Acheté je crois bien sur le plus rapide coup de tête de ma vie (et un des plus formidables). J'ai regardé deux épisodes de la série, le soir j'avais le livre. Il faut dire que la période historique m'attirait énormément, de même que la perspective d'y passer plus de mille pages. Je me suis donc lancée avec ferveur dans la bataille.

Et je ne pensais pas si bien dire. Une vraie bataille. À chaque fois que je devais lever la tête du bouquin pour aller manger ou autre, il me fallait quelques instants pour décrocher. "Tu es en 2010, tu es dans ton canapé et tout va bien, cool."
Je ne vous raconte pas les horreurs auxquelles on assiste dans ce livre. (SPOILER ALERT) Je suis restée au moins un quart d'heure (et je le suis toujours) complètement choquée par la scène du viol d'Aliena, racontée point par point mon dieu, je n'avais encore jamais lu un truc pareil. Et c'était seulement le début. Quelle époque sombre et malfaisante. Ce fut une des choses que j'ai bien retenues. Néanmoins les faits ne sont pas que des histoires. Les temps étaient ainsi et c'est la réalité de cette époque qui m'a le plus atterrée. Je tiens néanmoins à dire à l'auteur qu'il faudrait qu'il pense à modérer ses ardeurs niveau scènes « olé » pour ne pas dire autre chose. Disons qu'il faut être préparé psychologiquement, parce que parfois c'est à la limite de l'insoutenable. La répétition, voire le voyeurisme, de ces scènes est quasiment la seule chose qui m'ait vraiment déplu et rebuté dans le livre.

Ce que j'ai lu avidement, ce sont les passages sur la construction des cathédrales, les descriptions des lieux, des paysages, les intrigues historiques, les liens avec l'Histoire, les scènes où les coutumes de cette époque sont détaillées, bref, tout ce qui pouvait de près ou de loin me renseigner sur cette période du XIIème siècle.

Les personnages sont tous convaincants, qu'ils soient haïssables ou héroïques, ils ne laissent pas indifférent et il est quasi impossible de rester neutre vis à vis des principaux. La foi qui habite Phillip est touchante, en tout cas elle est communicative dans l'atmosphère du bouquin. Chacun des sentiments des personnages se transmet d'ailleurs assez facilement. Le camp des "méchants" composé des Hamleigh et de Waleran se distingue très nettement de celui des "gentils" avec Phillip, Tom et sa famille, Aliena et Richard. Tous les caractères et toutes les classes sociales sont bien représentés, ce qui ajoute d'autant plus d'intérêt à suivre le parcours de tous les personnages.

Les évènements s'enchaînent, la lutte entre le bien et le mal ne cesse jamais, les plus forts écrasent les faibles, à peine ont-ils le temps de se relever qu'ils perdent encore plus. Histoire sans fin semble-t-il, auquel j'ai pris part avec plus de ferveur que je n'aurais cru. Dis plus familièrement, j'étais à fond quoi. Du genre à gueuler tout haut "mais purée c'est pas juste bordel laissez ces pauvres gens tranquilles !". À fond, je vous dis.

Côté final, j'ai assez aimé. Je voulais ce dénouement, je l'attendais. En gros, on sait comment ça va finir pour les personnages, mais pas comment l'auteur va amener ces évènements. D'ailleurs tout au long du livre, malgré les rebondissements qui peuvent paraître énormes, on garde tout de même une vraisemblance, c'est-à-dire que les détails sont pensés et pesés pour que l'histoire reste crédible. D'ailleurs le travail d'historien entrepris par l'auteur est épatant. Les détails historiques réels (naufrage du bateau avec l'héritier de la couronne à bord, guerre de succession, assassinat de Thomas Becket...) se croisent avec la fiction : le réalisme n'en est qu'amplifié et c'est donc avec encore plus de ravissement que l'on plonge dans la petite histoire pour rejoindre la grande.
Ainsi l'ambiance historique est là à chaque mot, chaque phrase. C'était tellement réjouissant de pouvoir créer toutes ces images dans mon esprit, la cathédrale qui prenait forme, Kingsbridge qui se reconstruisait, les batailles qui faisaient rage...

Il règne à la fois dans ce livre la cruauté des hommes, l'avidité, l'orgueil, la haine, la pure méchanceté, la vengeance, l'horreur (à la limite du supportable parfois), et l'amour, l'amitié, la foi, la justice et la paix qui finissent par briller de quelque manière que ce soit.
Une fresque extrêmement intéressante pour tous ceux qui aiment la période du Moyen-Âge et son ambiance.
On n'en ressort pas indemnes, mais complètement ébranlés. Vivre mille pages au côté des personnages et dans un autre temps rend le retour à la réalité très brutal.