Les Mots
6.8
Les Mots

livre de Jean-Paul Sartre (1964)

La fierté est l'atténuation de ce qui définit Sartre

Ayant peu apprécié Sartre & la plupart de son oeuvre au lycée, je décide pourtant de me relancer dans le personnage pour en comprendre la profondeur.. sans conviction.

Sartre fait partie de ces mégalomanes refoulés, être rejeté de toutes parts qui aurait pu finir dictateur si on n'avait pas décidé à sa place. Très peu concernée par l'empirisme extérieur, son enfance repose avant tout sur les instruments de facilité que sont la lecture & l'écriture. Deux thèmes qui lui sont chers, qui lui sont même uniques, à vrai dire. Sartre est très imbu de sa personne, par les seules qualités que lui-même se reconnait : savoir lire, d'abord (disons plutôt qu'il se vante d'avoir appris à lire plus tôt que les autres, là où Sarraute, par exemple, a fait l'effort de repenser à ce bonheur enfantin de décortiquer le mot), puis savoir écrire (énorme estime de lui-même, ici, malgré son style lourd, empreint d'un vocabulaire dont la foison n'est pas nécessaire).
Sartre ennuie, je me suis surpris à m'endormir sur plusieurs passages de son autobiographie (chose rare, les autobiographies me passionnent en temps normal) : il part vers des extrêmes sans rapport avec la trame principale qu'il désire aborder, seulement pour se pavaner encore un peu plus dans sa volonté de plaire. Il aborde des complexes ultra-connus, use de philosophie de comptoir, & énumère des personnages, auteurs, ou faits des plus classiques, & trouve néanmoins le moyen d'en fabriquer une façon de se montrer intellectuel.
Sartre énerve, donc, frustre, provoque son lecteur par son impudence, mais il reste cependant quelques éléments de son enfance parfois drôles, parfois émouvants, on reconnaît aisément que l'effort de pensée est présent par moments (souvenirs du grand-père admiré & admirable, de sa première dictée, de la réaction de la mère après le passage chez le coiffeur, des premiers émois quant à l'écriture de roman, des remises en question ou de la culpabilité du petit Sartre par rapport à l'autorité adulte, etc.). Mais cela ne suffit pas à rattraper le désordre dont fourmille l'ensemble de l'oeuvre : Sartre procède chronologiquement, dans un sens, mais les évènements sont parfois sans lien essentiel, on se demande même souvent pourquoi certains ont été énoncés.

Sans trop m'attarder sur le personnage qui me débecte sous nombre d'aspects (entre autres son gauchisme affable, sa philosophie foireuse, sa fausse modestie & sa niaiserie résultant de sa folie), cette oeuvre est bien écrite dans la forme, mais le fond peine à convaincre, le tout n'étant qu'un bordel assez mal organisé sortant de l'imagination d'un fou simplet dont la littérature a trop souvent été surestimée (ses seules productions valables étant pour moi ses pièces).
Satané
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le 4 mai 2012

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