Qui peut prétendre de nos jours ne pas connaître Les Misérables tant c’est une œuvre qui a été déclinée sur presque tous les supports, film – dessin animé – théâtre et même encore sous forme de manga récemment. Alors s’y pencher sur ces différents supports c’est une chose mais lire le livre en est une autre. On ne lit pas Les Misérables comme on lit un livre par envie. Non, la lecture des Misérables se prépare bien en amont, on a là un mastodonte, pas tant par son volume (+/- 2000 pages) qui est certes assez conséquent mais parce que Hugo nous amène là où il veut, et c’est comme ça qu’au détour d’une rue, on est amené à découvrir l’histoire des égouts de Paris dans leurs profondeurs et ce pendant 20 pages.


Ai-je besoin de résumer l’histoire ? l’Histoire du forçat JeanValjean, âme sombre à la peine bien remplie, condamné au bagne pour avoir volé du pain. L’époque ne pardonne pas. Après s’être échappé il est amené à croiser le chemin de l’évêque Myriel, homme de foi, humaniste profond, un homme de bien, si ce n’est un des personnages principaux de cette histoire selon moi. Cet homme, l’évêque Myriel, va changer la vie de Jean Valjean, en lui permettant d’échapper à la prison de manière certaine. On ne recroisera plus l’évêque de l’histoire, mais bien d’autres personnages tout aussi importants, Javert, l’incorruptible, qui traquera Jean Valjean pendant toute l’œuvre, l’ombre même de Jean Valjean. Cosette, celle que Jean Valjean à choisis pour se repentir, Les Thénardiers, ce que la pauvreté peut faire de pire chez l’humain, et beaucoup d’autres.


Comme je le disais, la lecture des Misérables se prépare, alors on se décide, on pèse le pour et le contre, il est quand même assez conséquent, vais-je réussir à le finir ? vais-je avoir le temps de le finir même ? et on se laisse avoir, parce qu’après avoir lu d’autres œuvres de Hugo on sait que le style est présent et que Hugo ne nous trahira pas. Et je peux me permettre de dire que Hugo a parfaitement rempli ce rôle, on est déjà fixé sur ce que vas être les Misérables à la première page, cette première page c’est Hugo parlant de sa propre œuvre et c'est totalement juste. Je vous laisse apprécier :


« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »


Et nous voilà pris dans l’aventure. On lit Les Misérables et on ne peut s’empêcher de lever la tête en soufflant du nez subjugué par la beauté des phrases qui figent un réalisme sincère.
Mention spéciale pour la bataille Waterloo rarement aussi bien contée avec la description d’un Napoléon aussi vaste que puissant qui finira par tomber, parce qu’il « gênait Dieu ».


Je ne vais pas vous parler de l’œuvre de manière précise, une critique ne suffirait pas, on ne peut pas résumer Les misérables sans trahir l’œuvre, j’espère qu’on me pardonnera pour celle-ci.
Mais je ne peux laisser cette critique sans parler du passage de la mise en situation de la révolte des barricades de 1932 en corrélation avec l’œuvre fictive de Hugo qui m’a amené à découvrir l’une des scènes les plus épiques qu'il m’ait été donné de lire. Celle où le personnage de Gavroche est rentré dans l’histoire des héros de la littérature classique. Dans la rue de la Chanvrerie. La faute à Voltaire.
Les misérables est un livre qui doit être lu au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour avoir un tableau de l’époque, pour être au fait et plus encore. Il y a dans ce livre un concentré des mœurs de l’époque et ça passe par l’architecture, l’histoire, la philosophie, la géographie, la politique et c’est juste jouissif on lit quelque chose de grand et ça ce n’est pas accessible à tout le monde.
C’est un livre infini, un livre profond tant dans sa générosité que dans son constat, ce livre est réel, il est vivant. Hugo l’a écrit avec toute son âme et parce qu’il l’a écrit avec son âme qu’il mérite sa temporalité et son statut d’un des plus grands livres du catalogue classique français.

CelisNoctis
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le 29 août 2017

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