Ultraviolence.

"Les meurtres de Molly Southbourne" est un chef-d'oeuvre.

Absolument éprouvant, il développe grâce à une horreur ultra-viscérale une intelligence de propos fabuleuse tout comme une plongée dans la nature humaine vertigineuse.
Je n'aborderai pas dans cette critique l'histoire à proprement parler, tant le récit de Tade Thompson mérite d'être découvert avec un oeil naïf et impréparé. J'ai trouvé cette plongée dans l'ultra-violence aussi jouissive que pétrifiante.
On dira simplement qu'on est sur un roman d'horreur pur et dur, qui au même titre que le récent "Ring Shout" mérite d'être lu massivement tant il redore le blason de ce genre souvent réduit à un divertissement pour demeuré (vous aurez compris que ça n'a jamais été mon cas). Ce qui rend "Les Meurtres de Molly Southborne" incroyable est bien son absolue nécessité.

Connaissant la profession de Tade Thompson, et quelques références bien présentes, difficile de ne pas voir dans ce récit un témoignage de la souffrance psychique et du coping. Sa citation, en début de roman, est magnifique et dévoile le fond du récit. On sourira en découvrant la mention du syndrome de Capgras, renvoyant à quelques cours de médecine qui décidément commencent à dater. Et on s'avouera bien qu'il s'agit ici d'un terrain riche, même si les doppelgänger ne sont pas cette fois-ci dans l'entourage. N'allons pas voir une traduction littérale de certaines psychoses: il s'agit ici de piocher dans un terrain riche où les ressources mobilisables sont raréfiées et rongées par un mal qu'on ne parvient pas à identifier.

C'est donc un bouquin génial. Il faut être sacrément accroché pour le lire d'une traite, tant il est intense. Mais l'écriture de Thompson est aussi hypnotisante que brutale: je vous en conjure, plonger-vous dedans