L'objet est magnifique : le format est original, c'est grand est fin avec une couverture aux couleurs douces et soignées, et le texte est écrit sur plusieurs colonnes avec des extraits en gros, à la manière des interviews de magazines (du coup j'aime pas trop l'idée mais bon ça change) Toutes les illustrations sont belles et mettent en lumière l'univers fascinant des jardins statuaires, rien à dire là-dessus.
Maintenant, l'histoire...j'ai rarement été autant ennuyé par un roman d'exploration. Les personnages n'ont pas de prénom, il n'y a aucun dialogue à part au discours indirect (ce qui donne une lourdeur terrible au récit). Ils n'ont aucun caractère à part de vagues amourettes, et l'identification est presque impossible à cause du langage soutenu linéaire et démesuré. Bref, tous ces procédés qui étaient utiles aux Jardins statuaires s'essoufflent ici dans ce qui me paraît clairement être une surexploitation de l'univers. Cette oeuvre s'est trop étirée à coup de suites et de spin-offs à vau-l'eau, si bien que les Jardins ont perdu leur unité. Un peu comme l'Assassin Royal, finalement.
Le verbiage est systématique, tellement qu'Abeille fait des erreurs de français ! Les pléonasmes sont partout, comme les "irrévérencieuses profanations" Vous avez déjà vu une profanation révérencieuse, vous ? Ma prof de français m'aurait découpé en morceaux si j'avais osé faire ce genre de choses dans une rédaction. Les mots de la langue française sont puissants et chargés de sens, il faut les utiliser avec parcimonie, même en littérature. Ici, c'est le festival du Larousse, on balance des mots longs à tout va sans aucune raison. Le problème, c'est que cette analyse ampoulée du décor peine énormément à s'animer et à donner de la couleur aux personnages. C'est froid, clinique, et n'a d'autre ambition que la vanité intellectuelle.
Mais ce n'est pas le pire. On découvre l'univers par l'intermédiaire du narrateur qui lui-même commente les illustrations d'un personnage dessinateur lié aux illustrations présentes dans le livre...vous ne voyez toujours pas le problème ? Les descriptions des illustrations rendent les illustrations redondantes et inutiles. A moins que ce soit le contraire ? Si c'est pour décrire ce que je vois, merci bien j'ai des yeux...autant faire un album graphique sans texte. Si encore ces descriptions étaient intéressantes, impressionnistes...mais elles sont géométriques, une sorte de délire parnassien insupportable (c'est vraiment incompréhensible parfois)
Il n'y a pas vraiment de fin, de toute façon il n'y avait pas vraiment d'enjeu dès le départ, donc je vais garder les Jardins dans ma bibliothèque, seul opus que j'ai apprécié, et revendre le reste de l'oeuvre d'Abeille.

triskeriaki
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le 29 mai 2021

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