"Le 11 février 1998 est la date la plus importante à retenir du J-RPG" aime dire Charles De Clercq dans son interview accordé à FFDream. C'est de sa propre initiative que ce mathématicien de 37 ans a décidé de se lancer dans un ouvrage sur la saga Xeno. Et vu ses connaissances sur le sujet, il était le candidat idéal pour se lancer dans ce chantier ô combien difficile, dont "seulement" 350 pages lui seront suffisantes pour faire le tour du sujet. Contrairement aux autres livres de la collection, point de résumé du scénario: De Clercq préfère commencer directement la carrière et l'analyse de la licence. Il faut préciser que les 2 tiers du contenu sont consacrés à Xenogears, le dernier étant pour Xenosaga. N'espérez pas trouver quoi que ce soit sur la série Xenoblade Chronicles, hormis quelques annotations en bas de page.
On commence par une préface signée de Richard Honeywood, traducteur de la localisation US de Xenogears, ayant réalisé un petit exploit vu les thématiques, le développement chaotique du jeu et surtout les moyens rudimentaires disponibles à l'époque.
Chapitre I: les coulisses de Xenogears.
C'est la description du développement du jeu. Armé à l'époque de l'enthousiasme de leur jeunesse, Tetsuya Takahashi, Kaori Tanaka (sa future épouse) et... un autre Tetsuya appelé Nomura se sentent comme les trois mousquetaires, capables de renverser des montagnes chez Squaresoft. L'argent y coule à flot et la créativité aussi: une époque formidable en somme. On y apprend comment le développement en parallèle d'un certain Final Fantasy VII va "briser" ce trio et transformer le développement de Xenogears en véritable chemin de croix.
Chapitre II: l'univers étendu de Xenogears
L'auteur explique les passages importants du scénario, l'univers, les personnages... Que du bonheur.
Chapitre III: Décryptage d'un monument du J-RPG.
L'aspirine est préconisée pour ce chapitre qui, à mes yeux, est le meilleur passage du bouquin. De Clercq se lance dans une analyse très poussée sur les parallèles du récit de Xenogears avec les travaux de Carl Jung, Sigmund Freud (pour les multi-personnalités de Fei) et bien sur Friedrich Nietzsche, sans surprise souvent cité dans ce livre avec sa volonté de voir l'homme se défaire du christianisme. Malgré son style soutenu et le contenu très intellectuel, l'auteur évite le piège des travaux pompeux et ennuyeux. L'écriture est fluide et agréable à lire. Charles De Clercq s'amuse même à imaginer la réaction de Nietzsche s'il avait découvert et joué à Xenogears. Il constate que Karellen (ou Krelian en US) aurait pu être son champion, sauf qu'il y a la fin, amère sur ce personnage qui aurait fait péter les plombs au philosophe allemand.
Chapitre IV: les musiques
Encore une description pointue, cette fois sur la légendaire OST de Mitsuda, ayant failli y laisser sa santé. L'auteur précise qu'il s'est fait aider par Lucas Boissié, doté d'un Master de Musicologie.
Les chapitres V, VI et VII occupent le dernier tiers du contenu pour évoquer la série Xenosaga, ayant achevé pour de bon les ambitions narratives de Takahashi. L'accouchement de cette licence s'est avérée être encore pire que Xenogears pour des raisons parfaitement décrites et analysées. Pour conclure, j'estime qu'il s'agit du meilleur ouvrage de la collection "Légendes" de Third. Avec un tel sujet, on pourrait croire que c'est gagné d'avance de rendre des écrits de qualité: encore faut-il les rendre intéressant à lire. Charles De Clercq s'en tire brillamment et évite des pièges dans lesquels il aurait été facile de tomber. J'ai lu ce bouquin en 2 fois et même si, à la fin on peut y gagner un petit mal de crâne, Deus, pardon, Dieu que c'est passionnant à parcourir.

Flikvictor
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le 29 mai 2022

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