Les pleurs du mâle
je m’enferme souvent dans ces toilettes où la lumière s’allume automatiquement et colore ma peau du même jaune que ces types au foie défectueux dehors ces hommes que j’appelle collègues se...
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le 25 avr. 2013
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Et si on déposait les armes, juste un moment, au lieu de vouloir rendre gorge obstinément ?
Tout est en 2G, en 4/3, Deschamps a signé jusqu’en 2020, la torture putain, j’ai des crampes rien que d’y penser et, soudain, c’est l’hiver. Noël, le musée familial et son cortège.
J’ai un coup de mou d’une mollesse inégalable, je suis une éponge.
Et puis, je ne rêve plus de rien.
Rastafari m’a ramolli.
Tu vois le genre de coup de déprime de chien errant ?
Maman, quand j’étais p’tit, tu disais que la nuit n’est jamais totalement noire, il y a toujours une étoile.
Mon étoile à moi, m’man ,c’est un lampadaire, sur lequel je pisse en bon chien errant.
Quadragénaire dépassé, j’ai tenté de me pendre en mangeant du papier crépon. Le nœud coulant n’est pas passé.
Quand je fus réveillé par une série de petits pets mitraillettes colorés, je constatai d’abord que le papier crépon, ça pue pas. Ensuite, effaré, que les bêtes et les gens semblaient ne plus me voir, comme si j’étais devenu transparent.
C’est possible, me dis-je, je ne sais pas moi-même à quoi je ressemble, je ne me reconnais plus, ça fait si longtemps que j’évite les miroirs.
A nouveau ébranlé par une quinte de prouts arc-en-ciel, je devins soudain fébrile. Étais-je condamné à la transparence aérophagique ad colorum et ce, sempiternum ?
Ohlala, ohlala, pensai-je quand, non contente de troubler le firmament de ma pensée, une nuée de je-ne-sais-pas-quoi se mit à pousser des cris de vierge effilochée.
Ça n’avait pas d’ailes et pourtant ça volait et c’est là que je les ai reconnus. C’était tous mes rêves qui s’enfuyaient !
Or les rêves, lorsqu’ils s’enroulent au vent et qu’ils ne veulent plus rester, ils s’élèvent et prennent l’horizon.
Ils ne peuvent pas juste s’évaporer.
Alors, où partent-ils ?
Vers quel pays, vers quel asile, où terminent-ils leur course ?
M'auto-félicitant pour cette perspicacité, j’allai récupérer ce qui est à moi. Ni une, ni deux, me voilà poursuivant les facétieux fugueurs jusqu’à leur oasis, invisible que j'étais.
J’avais plus peur, je savais que là où j’allais, je ne serais jamais perdu.
Hilares, après des jours et des nuits d’un long voyage, ils s'étaient posés quelque part, près d’une montagne d’amour, à deux pas d’une rivière de larmes qui dégouline dans l’amer, où des madones qui s’ignorent peuplent les versants. À l’ombre d’une poignée de déesses oubliées.
Plus d’écume, plus de rage.
Plus de murs, juste le ciel.
Un tas de cosmonautes aux scaphandres bigarrés, des joueurs de billes langues dehors, pour l’équilibre et tout à côté, lumineuse et sacrée, une forêt où des chevaliers sur leurs fiers destriers joutaient à coup de museau vinaigrette.
Des pilotes, des pirates, des poulettes et ici, on ne fait pas son vin, on a une cascade de picrate.
Si on veut, on a le droit de manger la pâtée du chien et tous les Magnum aux amandes.
Il y avait des princesses qui dormaient en attendant une galoche, la promesse évanouie d’un échange de fluides corporels, et plus si affinités.
Des bouts de bois sur lesquels des doigts boudinés s’acharnaient sans peine et osaient prendre un solo. Sans les piqures des fausses notes en rappel car, ici, on devient tous musiciens.
Près de la lagune à plumes, un grand feu que des dragons nobles alimentaient en fumant de longues clopes bourrées de lianes de marie-jeanne et des sorcières en danseuses lascives, t'effleurant, toi, l’animal, turgescent de tout ton être, les veines qui palpitent du fluide incandescent qu’elles charrient à présent.
Au loin, une vaste plaine sans barbelés, face à l’aurore, où nos douleurs et nos obsessions harnachées à des pur-sang de bonheur sont condamnées à un rodéo de palabres et de joie.
Quand je ferme les yeux, c’est drôle, je vois des bras de misère, ceux de mon père.
Où je saute, où j’ai peur de rien, et nos éclats de rire mélangés.
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le 11 nov. 2017
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