Maison de retraite d'artistes où passèrent Françoise Mallet-Joris,Jacques Higelin etc. +Shoah&choix

Il y a plusieurs mois je croisais dans un journal un article sur une maison de retraite pour artistes dont beaucoup étaient encore en activité et avaient donc parfois besoin d'espaces et atelier.

J'avais été particulièrement frappé par la photo d'une locataire et notais aussi son nom: Lise Déramond Follin.

J'ai perdu les pages de l'article mais j'ai depuis lu son On ira cueillir des soleils la nuit, un très beau titre.

C'est entre autres une réalisatrice de centaines de films, documentaires et reportages divers.

Sur les bases de données, elle apparait surtout au générique de la série des Shadoks au côté de Gérard Pirès(80 en 2022), sous le nom de Liz Déramond.

Mais cette contribution est le sommet d'un iceberg dément de créations ...parfois assez démentes aussi, où on croise des horloges fondues, des zombies, un canard parlant, une masseuse à un bras,

une immigrée aux Etats-Unis venue d'Ukraine passant par 'erreur' près de cinquante ans de sa vie dans un hôpital psychiatrique etc.

J'ai récemment compris que j'avais sans doute vu enfant sans le savoir pas mal de ses films

dans l'assez récente émission de télé co-créée par son mari Gérard Follin, Aléas : le magazine de l'imprévisible: _"'Noire Neige' sur deux vieillards morts ensemble dans la courette de leur petite maison dans le bassin minier (Claudie et Fernand);

_Le portrait de Maïté, la cuisinière, qu'elle a "bercée" toute une nuit de tristesse.

_'Monsieur Catastrophe' entouré de chiens et de chats alignés autour d'une table.

_Dominique, en thalassothérapie où elle massait les patients avec un seul bras".

Son réacteur d'énergie semble la curiosité et la colère.

Dans 'Les Jonquilles du Cap Misène', elle décrit son séjour dans sa nouvelle maison et cohabitation.

Bien meilleur que mon blah blah, je copie un texte d'un blog d'une Claudia que je découvre après et qui me redonne accès à la photo d'elle dont je parlais:

https://lecafedesarts.ovh/forum/sorties-expos-reportages-livres/929-un-lieu-l-ehpad-des-artistes-du-3eme-age-a-nogent-sur-marne

Le texte qui suit est de Roxana Azimi

https://www.senscritique.com/contact/Roxana_Azimi/1442377.

_""Un lieu: l'EHPAD des artistes du 3ème âge à Nogent sur Marne (13 Fév 2020; LE MONDE)

A Nogent-sur-Marne, une belle sortie pour les artistes.

Par Roxana Azimi.

Jovita Concha(peintre chillienne dont j'aime le peu que je trouve), 102 ans, résidente atteinte d'Alzheimer. « Ils me font chier, ces portraits, grince-t-elle. Leur pensée ne fait plus de bruit. »

Les artistes, l'âge... que deviennent-ils? L'envie de créer subsiste t elle?

"Gerda Muller ('connue entre autres pour ses illustrations pour la collection du père Castor de Flammarion' dit wiki), 93 ans, arrivée depuis quelques mois à l’Ehpad, reconnaît que, « dans la vieillesse, le plus dur, ce n’est pas la technique, c’est de rester inspiré, de voir tout comme si c’était la première fois ».

Il existe un EHPAD unique je crois, géré (avec pertes...) par la Fondation des Artistes (famille Anthonioz) :

L’écrivaineFrançoise Mallet-Joris(amie de Marie Paule Belle)

et le chanteur Jacques Higelin y ont notamment séjourné.

Cet Ehpad du Val-de-Marne accueille en priorité des artistes. Un lieu unique, où les pensionnaires continuent de créer et d’exposer:

EHPADpourartistesdeNogentsurmarne.jpg ( photo de la Maison nationale des artistes, un Ehpad géré par la Fondation des artistes, loge 80 résidents, à Nogent-sur-Marne).

Lise Déramond-Follin, a les yeux qui brillent. Presque autant que les paillettes qui égaient ses pommettes. « Ma petite-fille a voulu que je me déguise en arbre de Noël », s’excuse la réalisatrice franco-américaine, auteure de plus de 400 documentaires pour la télévision depuis 1969, la voix cassée par la cigarette, le sourire fatigué par une énième nuit blanche passée à lire et à écouter de la musique.

Ses mains aux ongles argentés sortent une liasse de photos. Des clichés jaunis qui renvoient à d’autres, accrochés en ce moment dans l’exposition que lui consacre la Maison nationale des artistes, à Nogent-sur-Marne, à l’est de Paris.

Du bout des doigts, elle parcourt les quelques dossiers posés sur la table, s’attarde devant un documentaire, 'Imagine, on a survécu', qu’elle a réalisé en 1992. De tous les sujets qu’elle a tournés, un lui tient particulièrement à cœur, 'Devoir de réponse', consacré aux survivants de la Shoah. Las, il ne figure pas dans l’accrochage, TF1, qui en a les droits, n’ayant pas donné suite à ses demandes. « J’y tenais beaucoup à celui-là, glisse-t-elle. Mon oncle est mort dans les camps, ma mère a atterri dans une clinique psychiatrique… »

Soudain, ses pensées s’égarent, s’envolent si loin qu’on craint de la perdre.

Mais Lise Déramond-Follin ne s’oublie pas dans les brumes du passé et murmure au bout d’un moment : « J’ai travaillé toute ma vie, ça va peut-être être enfin reconnu, j’en ai presque le vertige. » L’acmé de sa carrière ­correspond au crépuscule de sa vie, dans cette maison de retraite où elle séjourne depuis bientôt trois ans.

"Hôtel des stars":

Cet Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), unique en son genre en France, a vu passer plus de 300 créateurs, principalement plasticiens, à l’instar du peintre défunt Jacques Monory, mais aussi l’écrivaine Françoise Mallet-Joris et le chanteur Jacques Higelin.

Ouvert prioritairement aux artistes et à leur famille, l’établissement accueille pour moitié des Nogentais ou des Val-de-Marnais. Il est géré par la Fondation des artistes, une structure originale et peu connue, qui distribue 500 000 euros par an sous forme d’aides à la création et qui doit une partie de ses revenus à la location de l’hôtel particulier Salomon de Rothschild, rue Berryer, dans le 8e arrondissement de Paris, souvent utilisé pour des événements du monde de l’art ou du luxe.

Nogent-sur-Marne est loin des défilés. Mais, dans son ouvrage Les Jonquilles du Cap Misène, publié en 2019, Lise Déramond-Follin décrit l’Ehpad comme « un hôtel international des stars ». « Un endroit très beau, où, tout naturellement, nous allons tous et toutes mourir en beauté. » Mourir, sa nouvelle copine, Jacqueline Duhême, n’y pense pas. Arrivée à l’Ehpad à la mi-novembre 2019, la pétillante illustratrice, 92 ans (on lui en donnerait 70), a fort à faire. Cette titi parisienne, qui fut l’amoureuse d’Eluard, l’assistante de Matisse, l’amie de Prévert et de Deleuze, œuvre encore quatre heures par jour à sa table de travail envahie de tubes de couleur, de crayons et de pots d’encre bien rangés. « Pas question de poser le crayon tant que je peux le tenir ! », lance-t-elle, le sourire contagieux.

LaralisatriceLiseDramond-FollindanssachambredelaMaisonnationaledesartistesNogent-sur-Marne.jpg ( photo de la réalisatrice Lise Déramond-Follin, dans sa chambre de la Maison nationale des artistes, à Nogent-sur-Marne )

Arrêter ? Aucun artiste ne peut s’y résoudre. Picasso a été porté jusqu’au bout par la frénésie créative. Rien qu’entre septembre 1970 – il avait alors 89 ans – et juin 1972, il réalisa 201 tableaux d’une vitalité incroyable. Et de répéter : « J’ai de moins en moins de temps et de plus en plus à dire. » Pierre Soulages ne la contredirait pas. A 100 ans, au faîte de sa gloire et au seuil de sa mort, le peintre, qui n’en a toujours pas fini avec ses Outrenoirs, a livré de nouvelles toiles pour l’exposition que lui consacre le Louvre.

Rien de plus angoissant pour un créateur que « l’idée de la retraite, du téléphone qui ne sonne plus, des projets qu’on ne vous propose plus », rappelle l’Italien Francesco Vezzoli, 49 ans. « Artiste, c’est une espèce à part ! », résume le créateur Gilles Barbier, 54 ans, qui, dans son grand atelier marseillais, espère bien « travailler jusqu’au dernier soir » (après un "enfance au Vanuatu").

Puisqu’il faut conclure, autant que ce soit en beauté. Diminué par un AVC, Hans Hartungn’avait pas désarmé, projetant sa peinture non plus avec des brosses mais à la sulfateuse. Alité à l’Hôtel Regina à Nice, Matisse réalisa à 83 ans, deux ans avant sa mort, un dernier et magnifique papier découpé, La Tristesse du roi, aujourd’hui conservé au Centre Pompidou

Un parc arboré de dix hectares.

Mais tous les artistes n’ont pas la chance d’œuvrer jusqu’au dernier souffle. Les sœurs Madeleine et Jeanne Smith ( Artistes et citoyennes engagées) l’avaient bien compris.

Nées au XIXe siècle et mortes dans les années 1940, issues de la grande bourgeoisie parisienne d’origine anglaise, elles ont elles-mêmes baigné dans le monde de l’art.

Peintre formée par Jean-Jacques Henner (musée à Paris à voir) et épouse du médiéviste Pierre Champion, Madeleine avait souvent exposé au Salon de la Société des artistes français.

EHPADnogentsurmarneartistesAumurNuauxpcheursdePaulWelschsurlacommodeNufminindemi-allongdeMarcel-AntoineGimond..jpg ( photo au mur, « Nu aux pêcheurs », de Paul Welsch ; sur la commode, « Nu féminin à demi-allongé », de Marcel-Antoine Gimond).

Jeanne est pour sa part passionnée de photographie. Toutes deux lèguent en 1943 à l’Etat français leur coquette propriété composée de deux bâtisses du XVIIIe siècle entourées d’un parc arboré de dix hectares, à Nogent-sur-Marne, en assortissant leur legs d’une condition : l’ouverture d’une maison pour les vieux jours des créateurs démunis. La Maison nationale des artistes ouvrira ses portes en 1945. Accueillant d’abord une dizaine d’artistes, âgés de 50 à 60 ans – on était alors « vieux » plus tôt –, elle vivote pendant quelques années.

Jusqu’à ce que, en 1976, Bernard Anthonioz, directeur à la création artistique au ministère de la culture, en confie l’administration à la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques (qui deviendra en 2018 la Fondation des artistes), une structure de droit privé qui accompagne les artistes depuis leur entrée dans le monde professionnel jusqu’à leur fin de vie. A charge pour elle de trouver un modèle économique.

Transformé en Ehpad depuis 2002, statut lui permettant d’obtenir les subventions du département et de l’agence régionale pour la santé ainsi que l’aide sociale pour les pensionnaires les plus précaires, l’établissement loge aujourd’hui 80 résidents, avec un tarif journalier raisonnable de 76 euros.

Pas simple de se résoudre à rejoindre un Ehpad, fût-il artistique. « C’est renoncer à sa vie ancienne, aller vers un ailleurs dont l’échéance est connue », admet Laurence Maynier, directrice de la Fondation des artistes.

Un renoncement d’autant plus difficile que, pressés par des questions de rentabilité, les Ehpad se sont transformés en machines à broyer, avec des équipes débordées aux méthodes expéditives, une nourriture rationnée et une hygiène sommaire (texte de 2020... de Roxana Azimi avant le n-ième scandale des ephad de 2022).

Jacqueline Duhême le dit sans détour, jamais elle n’aurait accepté d’aller dans une autre maison de retraite. « Plutôt crever chez moi ! » Mais, lorsqu’il lui a été difficile de grimper les raides escaliers de son atelier parisien de la rue des Arquebusiers, elle s’est souvenue de cet Ehpad si particulier, où, voilà soixante ans, son ancien professeur, l’illustrateur Paul Colin, avait fini ses jours.

Avec ses conférences, concerts, ateliers de dessin et de théâtre, ses trois salons coquets avec vue sur le parc, ses visites des expositions organisées chez sa voisine, la Maison d’art Bernard-Anthonioz, la Maison nationale des artistes fait figure d’exception dans le paysage des Ehpad. Laurence Maynier l’admet : l’établissement perd 180 000 euros par an. Ses administrateurs tentent de trouver une solution durable, mais ils refusent de rogner sur l’encadrement médical ou sur les activités artistiques.

« La sensibilité est là, quel que soit l’état de dégradation, parce que personne ne fait le deuil de son art. » (François Bazouge, directeur)

Bien sûr, reconnaît Jacqueline Duhême, « les gens qui bavent, les chaises roulantes, c’est pas drôle ». « Faut s’y faire, il y a des moments de solitude, mais j’ai un métier où par nature on est seul », ajoute-t-elle, philosophe, préférant voir le bon côté des choses, le splendide parc à perte de vue, la gentillesse des aides-soignants, les complicités naissantes avec certains pensionnaires qu’elle apprivoise tout doucement parce que « les gens sont intimidés par leur âge ».

Lise Déramond-Follin est plus tendrement cruelle. « Les autres pensionnaires, on dirait des moules à gaufres », lance-t-elle, pointant seize portraits gravés à l’or façon icône, accrochés dans le salon bleu.

LebureaudelillustratriceJacquelineDuhmelaMaisondesartistesNogent-sur-Marnele12dcembe2019..jpg ( Le bureau de l’illustratrice Jacqueline Duhême, à la Maison des artistes, à Nogent-sur-Marne, le 12 décembre 2019).

Atteints d’Alzheimer, ils sont tous morts aujourd’hui, à l’exception de Jovita Concha, 102 ans. « Ils me font chier, ces portraits, grince-t-elle. Leur pensée ne fait plus de bruit. » Mais François Bazouge, directeur de l’Ehpad, voit « chez certaines personnes murées dans leur silence quelque chose d’enfoui ressortir dans leurs dessins. La sensibilité est là, quel que soit l’état de dégradation, parce que personne ne fait le deuil de son art ». Même lorsque, selon l’infirmière en chef Annick Blot, ils « préfèrent dire qu’ils n’ont plus envie parce que leur main tremble ».

Une vocation intacte:

Petite silhouette chenue, Myriam Bat-Yosef (d'une famille originaire de Lituanie, est une artiste israélo-islandaise dit wiki) en est un parfait exemple. Lorsque, en février 2017 la peintre, ancienne compagne de l’artiste islandais Erró, atterrit à Nogent-sur-Marne après plusieurs hospitalisations, elle se claquemure dans sa chambre.

Il faudra toute la délicatesse de Seval Özmen, chargée de l’animation culturelle, pour faire tomber ses défenses. Aujourd’hui, elle ne rate aucune séance de l’atelier de dessin d’après modèle vivant organisé chaque semaine dans une petite salle sous verrière. « Je ne vais pas bien, je ne vais pas bien, bégaie-t-elle. Je perds de jour en jour. » Les mots fuient ses lèvres, sa main tremble.

« Dans la vieillesse, le plus dur, ce n’est pas la technique, c’est de rester inspiré, de voir tout comme si c’était la première fois. » (Gerda Muller, dessinatrice de Margualette à Pivoine)

« Vous êtes exigeante avec vous-même, c’est franchement pas mal », proteste avec douceur Seval Özmen. Myriam Bat-Yosef plante ses yeux gris dans les nôtres : « Vous savez, je faisais une peinture de performance, je voulais devenir ma propre peinture. Erró m’a dit : “Soit tu es ma femme, soit tu es peintre.” Je n’ai pas hésité, j’ai choisi d’être peintre. »

Il est des blessures indélébiles, des vocations qui, cinquante ans après, ne s’éteignent pas. Même lorsque l’inspiration s’assèche. Auteure de 130 livres pour enfants, la dessinatrice néerlandaise Gerda Muller, 93 ans, arrivée depuis quelques mois à l’Ehpad, reconnaît que, « dans la vieillesse, le plus dur, ce n’est pas la technique, c’est de rester inspiré, de voir tout comme si c’était la première fois ».

Des retraites modestes:

Les expositions permettent aux pensionnaires de recouvrer leur fierté de créateur. Ces moments, les résidents les attendent avec excitation et crainte.

Lorsque Seval Özmen propose, en 2018, à Myriam Bat-Yosef d’exposer, la vieille dame hésite. Elle redoute les critiques, les personnes âgées s’exprimant parfois sans filtre. « Un jour, lors d’une exposition d’une résidente, une autre pensionnaire a lancé “c’est de la merde” en plein vernissage, se souvient Annick Blot. Il y a souvent des problèmes d’ego. »

Le jour J, Myriam Bat-Yosef a pourtant vaincu peur et timidité. Redevenue soudain artiste à part entière, elle modifie l’accrochage de ses tableaux et fait corriger un cartel avant de rayonner devant une assemblée d’amis, dont Erró, venu célébrer son ancien amour. « Elle était maquillée, apprêtée, je ne l’avais jamais vue si belle », sourit Seval Özmen.

« Ils ont peu cotisé, compte tenu des hauts et des bas d’une vie d’artiste et surtout des fins de carrière de plus en plus délicates car le marché les oublie vite. » Nicolas Ledoux, du collectif Economie solidaire de l’art

Mais très vite, le blues rattrape les résidents. Queue-de-cheval et gilet en cuir, le poète et dessinateur Michel Vray confie avoir très vite « soufflé sur les étincelles d’envie » qu’il avait ressenties après son exposition. Hospitalisé pour une méchante fracture deux semaines avant son vernissage, en février 2019, il n’a vu l’accrochage que sur civière.

Depuis qu’il a rejoint la Maison nationale des artistes, cette figure de l’ancien squat arty du 59, rue de Rivolise sent comme un (vieux) lion en cage. « Je voulais crever un pinceau à la main, vivre ici, ça m’a coupé la chique », soupire-t-il.

(où désormais "un artiste grattouille sa guitare à côté d'un sextoy en forme de tour Eiffel. Bienvenue au 59, rue de Rivoli (Ier), ancien squat d'artistes désormais officiel, racheté par la mairie de Paris en 2002" selon Le Parisien).

Il n’a pas le moral pour écrire, pas l’espace suffisant pour « s’endormir comme avant dans un pot de peinture ». Mais, il l’admet, il n’a d’autre choix que de rester. « Si je n’étais pas ici, je n’aurais nulle part ou aller », soupire pudiquement le septuagénaire.

Comme Michel Vray, la plupart des artistes-auteurs ont des retraites modestes, voire misérables. « Ils ont peu cotisé, compte tenu des hauts et des bas d’une vie d’artiste et surtout des fins de carrière de plus en plus délicates car le marché les oublie vite », constate l’artiste Nicolas Ledoux, membre du collectif militant Economie solidaire de l’art.

Tous s’inquiètent à propos de leur régime social, qui doit, d’ici à 2025, s’aligner sur la réforme générale des retraites. La plupart des créateurs n’étant pas salariés, la cotisation patronale n’existe pas. A la place, la contribution du galeriste est modique, d’à peine 1,1 %. A cela s’ajoute le risque de voir leur propre cotisation alignée sur celle des travailleurs indépendants, passant ainsi de 15 % à 28 %. En décembre 2019, au coude-à-coude avec d’autres catégories professionnelles, de nombreux artistes « en grève » ont manifesté pour alerter tant sur la précarité de leurs vieux jours que sur leurs conditions de travail intenables.

La chaotique réforme du régime social des artistes et auteurs:

Lise Déramond-Follin est l’une des rares à la Maison des artistes à avoir suivi tout cela de près. « Le gouvernement n’est pas clair, l’histoire de l’âge pivot, c’est pas clair », tonne-t-elle. Sa propre retraite et la vente de son appartement lui assurent un pécule suffisant pour payer son Ehpad. Mais le 9 janvier, juste avant d’aller se recueillir sur la tombe de son mari au cimetière Montmartre, elle s’est rendue place de la République, pour suivre la manifestation. Parce qu’elle a toujours été de tous les combats. Parce que, pour elle, « la retraite, c’est impossible ! »""

Ce texte précédent est quasi tout de Roxana Azimi

https://www.senscritique.com/contact/Roxana_Azimi/1442377.

Le livre de Lise Déramond est parfois surréaliste, drôle et pas toujours tendre avec les autres locataires de cette maison, mais elle est dure avec elle aussi.

"A l'heure du déjeuner, des hommes aux zizis périmés sont attablés devant des femmes qui ressemblent à des commodes Louis XV."

Elle semble hyper exigeante avec elle, toujours volontaire pour débattre. Absolument pas auto-centrée, pas du tout égocentrique: il y a peut-être qu'une seule phrase sur sa santé et c'est pour nous dire qu'elle a vomi ses madeleines!

Le foisonnement et ton m'a même fait repenser à l' amusante étrange vraie fausse autobiographie de Jim Carrey, Mémoires flous.

Un vraie phrase de son alter ego , Lou, me rappelle un bon Woody Allen: _"J'ai l'impression d'avoir passé ma vie en la regardant passer depuis un train.

Je n'intervenais jamais."

Parfois, des scènes m'ont fait penser à des films de Bunuel ou Gilliam:

_"La femme tronc, à laquelle il manque un bras car elle s'est jetée sous un train lorsque son mari l'a quittée, déguste son repas comme une pompe à m_____".

_"La banane est trop dure. Ce n'est pas aussi bon que les poissons à quatre pattes que nous avons mangés à midi!"

J'ai été ému dés le début quand elle écrit à sa mère et lui parle comme si dans la pièce: elle se rappelle d'un âne, son seul camarade en vacances, il "avait l'accent québécois".

J'ai été ému quand elle confie aimer rencontrer et parler au jardinier:

"Il a l'accent du Midi. Lou se blottit, se love, s'enroule dans cet accent qui la berce et la rassure, bien que sa mère, à Vancouver, lui ait recommandé: 'N'épouse jamais un homme du Midi!"

"Te souviens-tu Maman? Au consulat américain de Santa Cruz de Ténerife, nous avions une aimable soubrette nommé Remedia. Lorsqu'elle n'était pas là, tu nous disais en espagnol: -No hay remedio ! Tu prononçais ces mots et je comprenais qu'il n'y a pas de remède à la vie. Quelques minutes plus tard, ton éclat de rire résonnait dans la grande maison de Tenerife entourée de bougainvilliers. Tu venais de trouver un microphone dissimulé dans un cache-pot. La diplomatie veillait. C'était surement la police de cette ordure de Franco qui l'avait planqué là"

...ça me rappelle que de nos jours, nous portons ces micros sur nous dans nos portables ou dans nos télécommandes à la maison dans chambre, cuisine et salle-à-manger, et c'est nous qui payons pour ces micros!

Pour quasi le même genre d'ordures (que ce soit les profiteurs de l'écocide et les profiteurs des divers conflits).

Notre guide me fait rire en trouvant que certains locataires ont "des trous d'air dans le cigare, comme dit Pierre Perret". Venir sur SC ne la changerait pas trop...

L'un d'eux se lance dans un ode à la banane en citant Victor Hugo:

_"Cette faucille d'or dans le champ des étoiles"

(les notes en fin de livre m'informent que c'est le dernier vers du poème Booz endormi de Victor Hugo.)

Un nouveau résident qui, dit-on, a atteint les cent vingt ans, déclare qu'il a assisté aux funérailles de Victor Hugo, à celles de Rudolf Valentino et à celle de ...Notorious B.I.G en 1997.

D'autres moments rappellent Boris Vian rencontrant un Vol au dessus d'un nid de coucous réalisé par Jean Pierre Mocky...:

_"Lou se rappelle que sa mère a craché sur la dépouille de Pie XII.(sic) Interlope déclare vouloir des choux de Bruxelles pour le diner.

Savez-vous qu'Oum Kalsoum était la Diva du Nil et qu'avant d'être chanteuse, elle était danseuse du ventre? Le surréalisme et les choux de Bruxelles, c'est la même chose. Déclare Antoine qui jouait du saxophone et de la clarinette au Lido".

(...)

(celle qui n'a pas assisté à la séance de film) "J'avais la famille"

"Alors, il y avait votre petite fille, celle qui a un oeil rouget et un oeil vert?

"Il faut exterminer Lucifer. Lui rétorque Gertrude, en mordant dans la saucisse de Strasbourg qu'elle a rapportée de la cantine."

Je disais que des scènes de ce témoignage de l'intérieur d'une maison de retraite d'artistes me rappelaient des scènes possible de films de Luis Bunuel ou Terry Gilliam, mais cette mamie croqueuse de saucisse rapportée de la cantine pourrait être Depardieu en perruque dans un Mocky ou South Park...

Puis on retient une larme quand un ancien docteur "se souvient , avec émotion, du temps où il faisait du patin à glace sur la Marne glacée".

La maison de retraite a des séances de cinéma tous les jours projetant par exemple 'Médée' de Pier Paolo Pasolini, ou une pièce de théâtre filmée comme La Cantatrice Chauve (où du fond de la salle, une pensionnaire crie "Il y a de quoi devenir fou!").

Ils écoutent et redécouvrent des chansons de Bernard Dimey (né justement "Bernard Georges Lucide... Dimey" m'apprend wiki où je vais tenter de voir qui c'est).

Rester lucide semble en effet le défit de la vieillesse et de vivre avec des vieux colocataires.

PierreAmo
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le 28 août 2022

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