Fabuleux roman historique qui transporte à la sanglante époque de la Terreur et qui met en scène tous ses acteurs, des grands noms aux oubliés, qui ont tous pareillement fini la tête dans « le panier à Sanson » (sauf Marat, mais son sort n'est pas plus heureux).
Là où Anatole France fait fort, c'est dans l'évolution de son protagoniste, nommé Évariste Gamelin, un révolutionnaire à la limite du fanatisme. Cet homme-là, d'abord présenté sur une estrade et sous les traits de la vertu, se transforme peu à peu en objet politique, prend goût au pouvoir, devient « monstre » pour sa maîtresse, sa mère et sa sœur. La métamorphose est amenée avec beaucoup de finesse, c'est grandiose.
Il y a évidemment bien d'autres personnages fictifs dans ces pages, qui forment une palette d'opinions politiques et religieuses très large. Tout lecteur peut ainsi y trouver son propre héros, celui qu'il aimerait voir survivre à la furieuse guillotine (le mien a été cette prostituée candide qui jusqu'à la fin a gardé le buste droit).
Belle et cruelle histoire pour un pan de l'Histoire qui fut plus cruel que beau.