Av. : un personnage haut en couleur


Inc. : un thriller qui se met lentement en place


Il est des individus qui, même pendant leurs congés, n’hésitent jamais quand une mission passe à leur portée. Ainsi lorsqu’un meurtre avec des apparences rituelles se produit à Medicine Creek, un trou perdu du Kansas, l’inspecteur Pendergast n’hésite pas un seul instant à se mêler de ce qui ne le regarde pas, au grand dam du Sheriff Hazen qui a en charge la petite communauté. Mais d’autres crimes succèdent à ce premier assassinat et l’enquête s’enfonce dans les méandres des non-dits de la ville, ses histoires de fantômes indiens et sa rivalité avec la ville voisine. En effet, si Medicine Creek est surtout connue pour son usine de dinde industrielle, elle tire aussi ses profits de ses champs de maïs dédiés à la production de biocarburant. Lorsqu’une université la met en concurrence avec Deeper pour décrocher le privilège d’être le site d’implantation de nouvelles recherches sur les OGM, la tension montent entre les deux cités, s’accusant réciproquement des crimes commis.


Avec Les croassements de la nuit, Douglas Preston et Lincoln Child offrent une deuxième aventure, après La chambre des curiosités, à leur personnage récurrent : Pendergast, l’agent du FBI. C’est d’ailleurs un jeu pour eux que de mettre en scène ce héros peu ordinaire qui se vêt toujours en noir, ne souffre pas de la chaleur et à des goûts et des comportements des plus étranges, pour ne pas dire ésotériques. Ses méthodes d’investigation, basées sur de solides connaissances culturelles, reposent souvent sur des approches déductives proches du héros de Sir Arthur Conan Doyle. Balancer un tel personnage au milieu d’une bande de red neck pur jus ne manque donc pas de piquant.


J’ai pour ma part, eu du mal à trouver en quoi la mention thriller collait à cette histoire dont le rythme initial ne la faisait relever que du genre policier. La présence d’un tueur en série ne justifie pas l’adhésion au thriller. Ce sont les rebondissements, les actions soudaines et violentes qui nous amènent à ce titre. Mais l’histoire arrive néanmoins à s’emballer et à répondre aux canons du genre, avec notamment une longue poursuite finale où la violence et les surprises ne sont pas ménagées au lecteur.


Les couleurs fantastiques du récit ne sont là que pour permettre le doute et c’est bien vers un final rationnel et grandiose que les auteurs nous poussent progressivement. Ils méritent d’ailleurs grandement ce titre d’auteurs, car ils donnent une vraie dimension à leurs personnages, nous les rendent attachants, quitte à nous les reprendre à la George R. R. Martin, alors que de trop nombreux créateurs de thrillers mettent tout dans l’action pour tenir leurs lecteurs en éveil, faute de les tenir en haleine. C’est bien l’humain, ses motivations, ses frustrations qui sont au cœur de ce thriller de belle facture que je ne peux que vous encourager à découvrir. Au final, mon seul regret est de l’avoir découvert avant d’avoir lu La chambre des curiosités, à laquelle quelques allusions sont faites dans cet ouvrage, mais je corrigerai cette erreur prochainement.

Bobkill
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le 22 sept. 2015

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