Le livre est bon !

CATHARES

« Nous ne produisons d’arguments qu’en nous fondant sur le bon trésor de notre cœur »
« C’est le cœur de l’homme qui est la vrai église de Dieu »

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Une sombre aura entoure la légende de ces hommes et femmes qui provoquèrent la croisade contre les Albigeois, mettant en jeu le développement du Léviathan catholique du saint empire Romain Germanique. Le templiers reposent en paix grâce à leur malédiction et le mystère de leur trésors. Les Cathares ont eux subit bien pire que la «damnatio memoriae» lorsqu’ils furent éliminés, Il furent baptisés par Eckbert de Schönau parlant alors du développement de cette gangrène dualiste jusqu’en Rhénanie, fief de sainte Hildegarde de Bingen. Mais on situe ce mouvement spirituel dans le sud de la France entre le Xeme et le XIVeme.

Le mot viendrais du germanique « Ketzer », ou l’on voit la truffe du chat pointer (« Katze »), cette figure diabolique, compagnon des hérétiques. Jamais ce terme ne fut celui de ceux qui s’apellaient simplement les Bons Hommes et les Bonnes Femmes, car c’est ce qui les définissait le mieux selon eux. Jamais ne fut entendu ou utilisé par eux le mot Cathare. En pays d’Oc, seul les inquisiteurs l’emploient partir du XIVeme, quant au pays d’Oïl il emploie les termes « chatistes », voire « catier ». C’est le renouveau des études régionalistes et occitanes en 1960 qui popularisera définitivement ce terme, faisant de la plaisanterie péjorative originale une insulte écrite dans les livres d’histoire, punition pire que l’anathème ou la mise à l’index. On n’aura pas privé les hérétiques Albigeois de la mémoire, on l’aura souillé afin qu’on ne se rappelle d’eux comme des marginaux malsains.

Quelle est cette doctrine et a t’elle un lien avec la félinité ?

La civilisation occitane est profondément idéaliste. C’est la l’origine des troubadours avec la noblesse des châteaux qui brodent le mythe de l’amour, mais c’est aussi la terre ou les habitants élisent leur Capitoul pour faire l’intermédiaire avec les seigneurs, et c’est là que le commerce florissant fait venir les idées d’ailleurs. Les Bons Humains suivent leur culte avec la simplicité des premiers apôtres, se détachant de la hiérarchie, des ornements, et des temples. Il suivent la loi du Christ plus selon l’esprit que selon la lettre. Ils pratiquent simplement dans leur habitation, au cœur du village et du peuple, à la campagne comme à la ville, dans leur salle à manger, en communauté réduite, mixte et changeante. Il prient ensemble sur des textes catholiques mais aussi apocryphes, tels que ceux de St Paul, ou les idées du prophète Manès le manichéen.

Selon eux il existe deux principes créateurs identifiés dans l’univers, le bien et le mal. Le mal nous à été envoyé il y a longtemps, et nul doute qu’à la fin le bien triomphera. C’est Dieu le créateur de l’univers, mais c’est Lucifer l’ordonnateur de la matière, de ce monde auquel if faut résister. Pour cela des règles assez strictes doivent être appliquées, afin que le Bon Humain devienne un Parfait : impurs sont le sexe, la grossesse et l’enfantement, la viande, la propriété privée, le mensonge, l’insulte, la méchanceté ; l’idolâtrerie, les ornements et les sacrements catholiques. Il est bon pour les Parfaits de toujours aller par deux du même sexe afin d’éviter la tentation charnelle, « sòci » et « sòcia » vont par couple pour les prédications au coin du feu, et cette tradition les fera soupçonner d’homosexualité. Il est bon pour le Parfait de travailler avec ses mains et de gagner sa vie pour la hiérarchie tout en vivant dans la pauvreté personnelle. Il est bon de lire, d’apprendre et de comprendre, si bien que le nouveau testament en occitan sera une de ses premières traductions en langue vulgaire en France, vite interdit par Rome.

Leur prosélytisme est doux et dialogué, raisonné et humain. Leur bonnes actions sont considérées depuis différents points de vue : si les parfaits croisent un animal pris au piège, ils le délivraient, mais causant un dommage au chasseur ils laissaient à sa place une pièce de monnaie. Il se préparent dés leur vœux à protéger leur foi contre le martyre, avant même le début de leur persécutions. Il croient en la réincarnation des âmes qui n’auront pas été de bons chrétiens, alors il veulent que cette vie soit la dernière dans le monde de Lucifer, et ils sont prêts à rejeter l’mpure matérialité. C’est aussi un pré-rationalisme teinté d’humour en plein moyen-age, qui cherche à étonner avec des commentaires métaphysiques qui se concluent en plaisanteries : ils disent du signe de croix de l’église catholique qu’il est« fort utile pour chasser les mouches en été », appellent l’hostie « un petit gâteau » et finissent par penser que si l’on peut prier partout, pourquoi pas « dans une église aussi bien qu’ailleurs ».

La plaisanterie a assez duré. En 1208 est lancée la croisade des Albigeois, guerre de conquête qui change tout le contexte politique de la région en plaçant des seigneurs acquis à Rome qui interdisent les traductions de la bible et laissent s’installer l’administration policière, judiciaire et pénitentiaire de l’inquisition. Puis en 1233, toutes les églises Cathares passent dans la clandestinité. « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens » déclare Arnaud Amaury qui mènera cette conquête spirituelle. Massacres, bûchers, Question font que bien vite les hiérarchies des Parfaits hérétiques sont révélées puisqu’il se refusent au mensonge. On démolit les maisons ayant servi au culte et on maudit leurs emplacements, on dénoue les réseaux de solidarité par la délation, on lutte contre les révoltes avec l’espionnage, on fait disparaitre des villages entiers, on organise d’immenses spectacle de mises à mort devant les cathédrales ou l’on brûle des centaines d’hérétiques impénitents, de croyants relaps et de cadavres maudits. C’est la diaspora des Parfaits, ceux qui veulent survivre s’éxhilent et tentent de passer inaperçu ou de trouver des protecteurs, mais « l’entendensa del Be », la compréhension du bien, ne peut survivre seule dans une bibliothèque.

L’éradication de cette idée en pays d’Oc durera encore cent ans. Les croisés continuent alors leur œuvre en terre sainte, et l’ordre du temple effectue sa dernière croisade en 1243. En 1305 les papes on quitté Rome et sont partis s’installer à Avignon, ultime signe de pouvoir sur ces terres rebelles à leur autorité. En 1307 les templiers sont brûles sur l’île de la cité et leur malédiction est lancée contre les rois de France. Guilhem Bélibaste, le dernier Bon Homme, mourut sur le bûcher en 1322 et « passa directement du feu de ce monde à celui de l’enfer », emportant avec avec lui le secret de leur nom, insulté à jamais par la marque du chat.

« Il y aura au ciel autant de bonheur pour une âme que pour une autre, toutes seront un et chaque âme aimera toute autre âme autant »

Source : Les Cathares, Anne Brenon / Histoire des Cathares, Michel Roquebert