Une poésie sexiste et classiste… comme tant d'autres à cette époque

Les Cahiers de Douai est un ensemble de poèmes, parfois ébauchés, qui n'ont pas été pensés pour former un recueil. Rimbaud s'y essaie à une poésie pas si révolutionnaire : on y retrouve la fascination pour un Moyen-Âge magique (comme chez Aloysius Bertrand), des pastiches de Victor Hugo, des poèmes dialogués/théâtraux interminables… On y trouve beaucoup de désinvolture, quasiment toujours sous la même forme : le lyrisme qui chute dans le scatologique.


Mais ce qui frappe, aujourd'hui, et le sexisme constant de ces poèmes peuplés de servantes et de paysannes aux gros seins, bêtes, disponibles sexuellement. Le pic est atteint dans un poème célèbre, « Vénus Anadyomène », où les femmes âgées font encore les frais de la haine masculine. Dans le monde de Rimbaud, les femmes sauvables sont au fond, des femmes idéales qui n'existent pas (« Ophélie »). Passons sur l'éternel monde-femme à féconder (« Soleil et Chair »)… Ce n'est pas le seul, il y en a eu bien avant et bien après.


La vision des classes populaires est lourde : il faut des figures représentatives, fortes et masculines bien sûr (« Le Forgeron ») ; quant aux faibles (« Les Effarés »), ça vaut manifestement le coup pour l'auteur de se moquer d'eux. Heureusement qu'on peut y lire « Le Dormeur du val » ; ou y découvrir un poème assez modeste, mais que j'ai aimé pour sa sensibilité (« Le Buffet »). Personnellement, je n'aime pas « Ma Bohème », parce que je ne suis pas fan des postures poétiques.

LLYP
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le 24 juil. 2023

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