Saturne, c'est la sixième planète du système solaire. C'est une géante gazeuse, entourée d'anneaux fantomatiques composés de roches et de glace. Après ce livre, la mention de cette planète et de ses immenses ceintures n'a plus la même signification pour moi.
W.G Sebald, je l'ai découvert grâce à la musique, avec l'album Patience (After Sebald) de The Caretaker. L'écoute de ce disque triste et brumeux m'a donné envie de me lancer dans la lecture de cet Allemand mélancolique. Ni une ni deux, j'ai commandé le livre avec le nom le plus attirant et avec le résumé le plus énigmatique, sans réellement savoir à quoi m'attendre.


Même après avoir fini Les Anneaux de Saturne et relu certains passages, je ne sais toujours pas vraiment ce qu'est exactement ce livre. Est-ce un roman ? Un récit autobiographique ? Peut-on vraiment parler de roman ou même d'histoire quand il y a un mélange de récits qui s'entremêlent ?
Les Anneaux de Saturne, c'est avant tout l'histoire d'une ballade, une longue randonnée dans le Suffolk menée par un type triste et qui décrit un peu tout ce qu'il voit. Bien plus qu'une simple ballade, l'auteur se lance dans un pélerinage, sur les traces de Châteaubriand et d' Edward Fitzgerald mené par un personnage redondant, hantant la tête de Sebald, Thomas Browne.


Comme je l'ai dit plus haut, ce livre est avant tout descriptif. De manière à nous faire profiter de sa longue promenade triste, l'auteur nous décrit ce qui l'entoure, prés, arbres, fleurs, animaux mais aussi des constructions humaines, souvent des ruines ou des lieux rongés par les âges. Dans ses descriptions pessimistes, Sebald a un véritable talent pour immerger le lecteur dans son errance, je me suis tellement prit au jeu que j'avais l'impression d'être à ses côtés, dans les landes verdoyantes du Sud-Est de l'Angleterre.


Il se dégage de ce récit une tristesse, pas comme de la colère ou de la souffrance, mais plutôt comme de la mélancolie, comme une constatation triste et grise. Les différentes histoires que nous compte Sebald sont toujours très sombres, ce sont des contes d'amours inachevés, d'écrivains rongés par la douleur, de la noirceur des guerres, de familles brisées mais aussi des histoires personnelles, des souvenirs propres à l'auteur. Même dans la beauté des paysages qu'il décrit, Sebald ne peut pas s'empêcher de plonger dans la mélancolie, parfois s'accrochant à des émotions profondes comme la frayeur ou le désespoir.
Les pages du livre sont aussi accompagnées de photos. Certaines prises sur les lieux de la ballade, d'autres pour illustrer les lieux, objets ou personnages auxquels il fait référence. Ces photographies en noir et blanc, parfois si sombres qu'on distingue à peine ce qu'elles représentes dégagent elles aussi une forme de tristesse.


Une longue marche, des souvenirs, des noms, des dates, des lieux et de la brume. Voilà ce que c'est Les Anneaux de Saturne.
Je pense que ce livre permet également de découvrir qui était Sebald. Un type mélancolique, rêveur, fasciné par tout et n'importe quoi, rongé par la tristesse et les souvenirs du passé. Un peu comme celui qui écriit ces lignes.
Pour pleinement apprécier ce livre, il faut prendre son temps, oublier le décor bruyant qui nous entoure jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les mots et le son du vent dans les feuilles.

Arthur-Dunwich
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le 17 mars 2022

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