Glace fondue

Pour qui a grandi en feuilletant les superbes illustrations des Contes russes de Bilibine, attention à la déception ! Ce serait évidemment stupide de demander à des illustrateurs de légendes russes ou "à la russe", de recopier le style de Bilibine, mais ça n'est peut-être pas trop leur demander de fignoler un peu leurs dessins. Pour le coup, ici, si la couverture peut faire envie, on dégringole assez vite devant le graphisme approximatif des personnages. Seule une double page est vraiment réussie, qui montre en gros plan la méchante reine avec son kokochnik (alors bon, je vais pas faire la fière, j'ai appris le nom de cette coiffe russe uniquement pour l'écriture de cet article , car j'aime à me montrer précise) et, derrière elle, une belle fresque animalière. Pour le reste, le côté légèrement esquissé des dessins ne colle pas bien à cet album.

Question histoire, on est dans le conventionnel le plus pur : une méchante reine (j'aurais plutôt employé le mot "tsarine", vu que les enfants ne rechignent pas devant un peu de vocabulaire exotique, mais bon, voilà) souhaite épouser une jeune homme, qui en aime une autre. Elle organise donc leurs noces avec un plan machiavélique en tête, plan qui va naturellement tomber à l'eau. On va donc au bout de l'album parce qu'on a envie de savoir comment vont s'en sortir les tourtereaux (et parce que l'album est court). Les couleurs sont certes chatoyantes, mais on trouve franchement mieux sur le marché des albums jeunesse, d'autant que le texte est écrit dans un style assez plat. C'est tout le problème lorsqu'on s'attaque à un sujet déjà largement traité : difficile de faire original et d’accrocher le lecteur.