Entre avril et juin 2022 les éditions Toussaint Louverture ressortaient à raison d'un tome toutes les 2 semaines, les 6 volumes des Blackwater. Cette série était sortie originellement en épisodes mensuels de janvier à juin 1983 alors que son auteur, Michael McDowell, avait auparavant écrit Les Aiguilles d'Or (Gilded Needles en VO) en 1980. C'était alors son second livre.
La boîte d'édition Bordelaise, sûrement portée par le succès des Blackwater, a d'ailleurs une feuille de route bien définie pour continuer de nous présenter Michael McDowell : 2 livres en 2024 (Katie et L'Amulette) et 2 en 2025 (Lune froide sur Babylon et Les Élémentaires).
Et on peut le dire, les rééditions côté Toussaint Louverture, c'est du lourd !
Bon perso, j'espère qu'il en sera de même avec un auteur avec qui McDowell partage quelques similitudes : Robert McCammon, l'auteur des Swan Song et Zephyr, Alabama, déjà sortis chez Toussaint Louverture. Déjà, les deux ont Mc dans leur patronyme, ils sont Américains et viennent en plus tout deux d'Alabama. On continue : ils sont de la même époque et ont chacun un goût prononcé pour l'horreur. Ha et bien sûr, quand on lit leur livre, on s'imagine parfois devant un écran, et ça c'est toujours assez incroyable. En tout cas, je trouve ça trop cool de voir comment ils ont pu être ressuscités sur nos terres !
Allez, finies les présentations, place aux sensations !
La première scène met tout de suite dans l'ambiance avec des descriptions qui font mouche et retranscrivent l'ambiance glauque du New York des années 1880. 1882 exactement ! Dès cette scène, on réalise que McDowell a un sacré talent de conteur. On est pris dans un sorte de travelling immersif, et tout de suite on pense aux Five Points de Scorsese. Mais ici, place au Triangle Noir avec sa "mafia" familiale et quasi exclusivement féminine, menée par la matriarche Lena la Noire.
Puis se dessine progressivement une histoire entre deux familles que tout oppose, nous faisant passer des bas-fonds sales et crasseux de New York au monde de la bourgeoisie mondaine, proute proute et religieuse.
J'ai adoré la façon de poser les personnages, à la manière d'un vrai conte, où les envolées descriptives nous posent dans le décor. Et le scénario? Super efficace ! Et oui avec McDowell on peut parler de scénario, car il fait partie de ces écrivains (comme McCammon, S.King et sûrement d'autres) qui font vivre les livres comme des films. Il a d'ailleurs la particularité d'avoir bosser dans le cinéma, ayant écrit le scénario du Beetlejuice de Tim Burton !
C'est tout pour ce livre très prenant, glauque, avec un vrai côté gothique. Il me donne vraiment envie de maintenant découvrir les Blackwater et les prochains livres que je ne raterai pas !
Un dernier mot sur la traduction de Jean Szlamowicz, je l'ai trouvé parfaite, car à aucun moment je me suis posé la question du rendu en version originale.