Apocalypse intime.

Ancien journaliste, Jean-Christophe Grangé passait au roman de fiction avec "Le vol des cigognes" paru en 1994, directement inspiré de ses voyages autour du monde et de ses observations auprès des oiseaux migrateurs.

Dans un premier temps, ce premier roman de Grangé intrigue de par son pitch, par l'univers qu'il semble mettre en place, nous tenant sans difficulté en haleine tout au long de ce qui ressemble à un bon polar nerveux et brutal, même si l'on pourra tiquer face à la transformation un peu rapide d'un simple étudiant ne connaissant rien à la vie en baroudeur de l'extrême capable de flinguer du tueur bulgare en un coup de cuillère à pot.

Mais dès l'instant où le "héros" pose les pieds sur le sol africain, "Le vol des cigognes" s'aventure sur des eaux bien plus troubles, plus mouvementées, nous entraînant dans des abysses d'une noirceur assez dérangeante, nous balançant à la figure toute la cruauté du monde et la folie des hommes, des tourments allant crescendo dans l'horreur et épousant parfaitement les névroses et les fêlures de son personnage principal.

Terriblement en lien avec l'actualité politique de l'époque, n'hésitant pas une seule seconde à verser dans l'horreur pure, "Le vol des cigognes" est un premier roman incroyablement efficace malgré quelques défauts, rappelant même par instant le mythique "Au coeur des ténèbres" de Joseph Conrad.