Le Silence
4.6
Le Silence

livre de Don DeLillo (2020)

Le Silence de Don DeLillo est particulièrement bruyant, il est peuplé de logorrhées absurdes déversées par des personnages dont la vacuité n'a d'égale que le degré d'inattention de leurs interlocuteurs. A la suite d'un incident "technologique" le quintet d'âmes vides que nous propose l'auteur se retrouve face à la nécessité de communiquer à nouveau, de parler pour dire et n'y parvient jamais vraiment. L'événement provoqué par l'écran noir, et qui pourrait s'avérer salutaire, n'est finalement que le déclencheur d'une nouvelle forme d'anesthésie de la parole et de l'écoute. Paniqués les personnages se lancent dans des monologues tantôt abscons, tantôt absurdes dans lesquels pourrait poindre une angoisse existentialiste si tout n'était pas si froid, si court et si artificiel.


Ce bref roman hésite dans sa forme avec le huis-clos théâtral et flirte avec Sartre mais sans jamais donner aux personnages la matière nécessaire pour porter le propos. De ce brouhaha inutile on ne retient qu'une froideur vaine, une distance bourgeoise, une absence de souffle et une désincarnation volontaire un brin convenue. On serait tenté d'y voir la fainéantise d'un auteur fatigué, désabusé qui, comme ses personnages, n'a finalement plus rien à dire.


En choisissant de ne pas traiter son sujet, Don DeLillo laisse le lecteur sur le bord du cheminement de son propos et l'on ressort de ce livre avec l'impression d'avoir lu des pages exsangues et sans intérêt. L'effondrement est pourtant un sujet majeur et qui ne peut se contenter d'être vu sous l'angle fat et prétentieux d'un groupe d'intellectuels nombrilistes ridicules.

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le 15 nov. 2021

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RunningJack

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