Le début de cette lecture est difficile. Il y a énormément de personnages (historiques, donc on ne peut pas s'en passer), le style est assez "distant", la narration se perd un peu entre tous les personnages, on a vraiment du mal à resituer tout le monde. Enfin moi j'ai eu du mal.


En plus, l'enfance des enfants de Venozza (c'est à dire les enfants reconnus par Rodrigo Borgia une fois devenu le pape Alexandre VI), César (Cesare), Juan (Giovanni), Lucrèce (Lucrezia) et Geoffroi (Joffre)) et l'ascension de Rodrigo sont assez rapidement évoqués, et plus ou moins "perdus" au milieu de l'évocation du contexte politique autour de Rodrigo Borgia. Les liens sont survolés, même si l'auteur insiste sur le fait que le père veut faire en sorte que la fratrie soit soudée autour de lui pour faire un clan solide, qui puisse faire face.


C'est dommage parce que du coup, on peine à s'attacher à la famille, et aux différents protagonistes. Par contre, j'ai eu l'impression d'une assez profonde "véracité" dans le récit, même si tout dans les relations familiales Borgia est inventé par l'auteur, sans aucun doute.


Il m'a fallu une bonne centaine de pages pour passer le cap de la "familiarité" avec tous les protagonistes. C'est à dire pour ne plus me demander "qui est qui" à chaque page. Oui ça a été un peu long. En fait je croyais connaître cette histoire, mais je ne la connaissais que de très loin, je ne me doutais pas qu'il y avait tant de gens "impliqués", même en ayant joué aux Assassin's creed les concernant (mais on est surtout côté Médicis dans le jeu, donc bon, normal aussi)...


Donc passé le cap de la centaine de pages, là j'ai commencé à m'attacher à l'histoire. Parce que c'est quand même fichtrement passionnant !
J'ai beaucoup aimé parce que ça réhabilite un peu les Borgia, dans le contexte de l'époque. En fait, cette histoire d'Italie, c'est de la fantasy. Sans fantasy. Côté complexité politique, complots, personnages retors, amours contrariées,alliances, traîtrises, assassins, et autres ressorts de suspens et d'action en continu, c'est intense ! Il manque juste de la magie. Quoique... La mystérieuse "Noni", vieille herboriste, fait parfaitement l'affaire, dans ce bouquin !


Et pour la petite histoire, j'ignorais que le frère cadet de Lucrèce et César s'appellait Geoffroi (en français), Joffre en italien. Et avait épousé une Sancia Ferrante d'Aragon, fille du roi de Naples (parce que oui, le roi de Naples, c'était Ferdinand Ferrante d'Aragon, va comprendre Alexandre (VI, mouahaha !)). Cela ne vous rappelle rien ? ????


Le talent de Mario Puzo consiste à nous livrer les pensées de son narrateur du moment, (Rodrigo, César, Lucrèce, Juan, Geoffroi). Mais tout cela évolue au fur et à mesure qu'on avance dans le livre. du coup la psychologie des personnages, si succincte au début du livre, s'étoffe, s'amplifie, s'approfondit au fur et à mesure qu'on avance dans le livre, que les protagonistes gagnent en expérience et en maturité.
Rodrigo nous apparait ainsi comme si on le voyait à travers les yeux de ses enfants. Et au fur et à mesure qu'ils grandissent, les illusions tombent, les personnages se dévoilent, Rodrigo devient plus "réel", et plus ambiguë qu'au début du livre.
César est le plus intéressant, de mon point de vue. Intelligent et "sous utilisé", c'est un personnage torturé fascinant.


En fait, j'ai cru au départ que ce livre n'était pas bien écrit, c'était une erreur. Il est fabuleusement bien écrit, car, comme lors d'un travail psychologique, les "pelures de l'oignon" tombent les unes après les autres et les yeux se dessillent, la vérité se fait jour, peu à peu. C'est d'autant plus intéressant que, comme je disais, ça me semble être assez réaliste "historiquement" parlant.


Bref, après un départ difficile, je suis vraiment enthousiaste à la fin. Un très bon bouquin pour une famille certes criminelle, mais bon, ni plus ni moins que toutes les familles au pouvoir et qui veulent y rester, et qui, sans doute, se mentent autant sur leurs motivations que les Borgia dans ce roman. Y compris de nos jours.

Valerie_Freefounette
9

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le 12 juin 2018

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Valerie Tatooa

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