Une lande... une toile de fond ? Peut-être plus que cela... la véritable protagoniste de l'histoire... Une chose qu'est sûre, elle est toujours présente, tout dépend d'elle... Dès les premières lignes, on est écrasé par sa présence...


Thomasin est une jeune fille simple et un brin naïve, ce qui ne lui empêche pas une certaine force de caractère, qui doit épouser Damon Wildeve, qu'il l'a séduite, suite à un malheureux concours de circonstances.


Damon est un ingénieur de diplôme, obligé de tenir une auberge pour vivre, éternel frustré, incapable de saisir les petits bonheurs à sa portée car toujours à la recherche des grands qui ne sont que chimères.


Un point commun qu'il partage avec Eustacia Vye, au charme de laquelle il est très loin d'être insensible. Une belle jeune femme, à l'écart de pratiquement toute société, au tempérament de feu, voulant être ailleurs, prête à sacrifier sans la moindre hésitation une vie entière d'un amour paisible, inévitablement mâtiné d'habitude et d'amitié, pour une seule heure de véritable passion.


L'arrivée de Clym, qui donne son titre au livre, revenant de Paris pour officiellement rester juste le temps des vacances de fin d'année chez sa mère, et dont l'"aura", parce qu'il revient de la capitale française, n'est pas sans attirer Eustacia. Cette arrivée va bouleverser la vie de cinq personnes...


Et puis, il y a le "reddleman", homme habillé entièrement en rouge et dont la peau est devenue rouge à cause de la craie. "Reddleman" désigne en effet un vendeur de craies rouges servant à marquer les moutons. Une présence dans la lande, mystérieuse, fascinante, limite surnaturel (à l'image de la scène des dés !), qui agit comme un véritable ange-gardien envers Thomasin, dont il a été un prétendant malheureux.


Thomas Hardy est un écrivain captivant, ayant mieux que personne su mettre en exergue la notion de destin, le fait que le geste a-priori inoffensif d'une personne peut influer, négativement ou positivement, sur le sort d'autres, même si cette personne ne connait pas ces autres, grandiose pour croquer des personnages mémorables, en particulier féminins. Eustacia Vye est au même niveau dans ce domaine que Tess Durbeyfield, Sue Bridehead et Bathsheba Everdene.


Donc Le Retour au pays natal confirme le talent immense de son auteur. Et il n'est pas douteux que s'il l'avait entièrement rédigé comme il l'avait voulu on serait au même niveau que Loin de la foule déchainée, Les Forestiers, Jude l'Obscur, Le Maire de Casterbridge et bien sûr Tess d'Uberville.


Malheureusement, comme ne le manque pas de le préciser l'auteur lui-même dans une note, Hardy a été contraint de rajouter une sixième partie à l'ensemble (ce qui veut dire évidemment qu'il y a eu cinq parties avant dans le cas où vous ne l'auriez pas deviner !) avec un happy-end. Je n'ai absolument rien contre les fins heureuses, au contraire, mais là elle ne colle absolument pas avec le reste pour des raisons qu'explique très bien la note de l'écrivain, principalement le fait que le "Reddleman" perd pour cette raison son côté "surnaturel" .


Mais si on passe du fait de ces contraintes à côté du chef d'oeuvre, on a heureusement et malgré tout un très grand roman.

Plume231
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le 8 sept. 2017

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Plume231

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