Le Noir
8.4
Le Noir

livre de Lemony Snicket (2013)

Je savais que j'allais aimer cet album quand j'ai vu sur la couverture ressortir les noms (ou alias) de Lemony Snicket et Jon Klassen. Quoique, j'ai toujours une sorte d'appréhension pour le premier. J'ai passablement détesté les Fausses Bonnes Questions de Lemony Snicket, mais, impensable, je suis tombée amoureuse de son style. Soyons clairs, ça ne m'arrive jamais ce genre de choses. Si je bloque sur le style, d'habitude, c'est foutu. Là, non. Même si c'est une des raisons pour lesquelles je n'ai pas encore entamé les Orphelins Baudelaire, dont les intégrales me font les yeux doux chaque jour dans mon rayon (pour ceux qui n'ont pas suivi, je suis libraire). Bref, donc, un mélange d'appréhension et d'excitation pour Lemony, mais une confiance aveugle en Jon Klassen, qui m'avait déjà conquise avec Ce N'est Pas Mon Chapeau. Et on aura beau dire qu'on ne juge pas un livre à sa couverture, pour les albums jeunesse, ça ne compte pas. Et la couverture est très chouette.

Je suis contente d'avoir cru en mon intuition.
Les illustrations sont parfaites. Les jeux de couleurs de magnifiques, les contrastes entre le Noir effrayant, personnage à part entière, et la pâleur de la lumière artificielle produite par la lampe torche de Laszlo, ou le dégradé orangé du soleil couchant sont très réussis et fonctionnent à merveille. Le tout en restant dans un style minimaliste dont Klassen a le secret. Et cette illustration est définitivement bien complétée par le texte.
Comme je l'ai dit, le Noir est ici un personnage à part entière, et ça, c'est vraiment une bonne idée. Laszlo va dire bonjour au Noir, en espérant que cela le tiendra éloigné de sa chambre la nuit venue. Et ça pourrait s'arrêter là pour la personnification, mais mieux encore, un soir, le Noir vient dans la chambre de Laszlo, et lui parle. Et c'est beau, parce que c'est si bien écrit ! C'est mieux qu'un roman a suspense. On se croirait presque dans un film d'horreur : "Mais une nuit... *pause dramatique, on tourne la page* le noir vint". Je m'imagine très bien en lecture à voix haute pour cet album, comme quand on se racontait des histoires de fantômes à la lampe torche, enfants. Et en même temps, on reste dans un style très poétique. Le Noir est réellement un personnage qui donne des frissons, et cela vient de la façon dont il est décrit, blottit dans sa tanière, et de la manière dont il s'étend peu à peu après le coucher du soleil, dans cette grande maison où Laszlo semble être seul... On se croirait dans un roman gothique.
Et même quand Lazslo, lui, n'a plus peur du Noir, moi, je le trouve encore un peu effrayant... Lisez plutôt : "Peut-être que tu as peur du noir, mais le noir n'a pas peur de toi. Voilà pourquoi le noir est toujours aux alentours", ou encore "Le noir ne répondit pas, mais le tiroir du bas était resté ouvert, alors Laszlo eut l'impression que, dans le coin, quelque chose souriait". Oui, ça me donne des frissons. Mais le Noir n'est pas mauvais, et c'est grâce à lui que, métaphoriquement et littéralement, Laszlo comprend que sans lui, nous ne saurions pas quand nous avons besoin de lumière.

Sinon, rien à voir avec la choucroute ou presque, mais ça m'a étrangement fait penser à l'épisode 4 de la saison 8 de Doctor Who, "Listen", et à cette comptine : "What's that in the mirror / Or the corner of your eye / What's that footstep following / But never passing by / Perhaps they're all just waiting / Maybe when we're all dead / Out they"ll come a-slithering / From underneath your bed". J'ai eu le même genre de frissons.
marquise
10
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le 16 févr. 2015

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