Pour les adeptes de suite aride et de prescient tourmenté...

Dune est une série légendaire de la littérature de science-fiction. L’œuvre née de la plume de Frank Herbert a séduit bon nombre de générations de lecteurs depuis sa première parution il y a plus d’un demi-siècle. Malgré mon appétence évidente pour ce genre littéraire depuis mon adolescence, je n’avais jusqu’à récemment jamais pris le temps de me plonger dans cette lecture fondamentale. C’est la sortie en salle de l’adaptation sur grand écran réalisée par Denis Villeneuve qui m’a décidé de réparer cette erreur. J’avais donc dévoré Dune l’été dernier. J’étais sorti de cette rencontre conquis. L’univers, les personnages, l’atmosphère… Tout m’avait plu. Mes vacances estivales actuelles m’ont permis de m’y replonger en lisant la suite des aventures de Paul dans Le messie de Dune.


L’histoire nous plonge douze ans après les événements qui clôturait l’ouvrage précédent. Une guerre sainte a eu lieu. Paul a triomphé de ses ennemis. Il est devenu l’empereur Muad’Dib et règne sur tout l’univers. J’ai rapidement compris qu’après avoir assisté à la quête du pouvoir, il est maintenant le moment de le conserver et de réfléchir à la manière d’y arriver.


Le héros doit affronter un grand nombre d’ennemis plus ou moins tapis dans l’ombre. Un coup d’état est en marche. Cela génère une atmosphère oppressante. Un sentiment de crainte permanente accompagne la lecture. L’auteur nous maintient sur un qui-vive permanent. Le fait qu’il semble impossible de faire confiance à qui se voit génère une ambiance prenante et inquiétante qui s’avère être une belle réussite.


L’essentiel des décisions politiques prises par Paul se construisent sur sa prescience. Ce « pouvoir » est intéressant car il crée une vraie distension entre le ressenti du lecteur qui craint et appréhende l’avenir pendant que le héros en maitrise les diverses versions. Cela génère une tension qui contraste avec l’apaisement apparent de Paul. Je trouve d’ailleurs que les visions du Muad’Dib sont joliment décrites. Le texte d’Herbert fait transparaitre par ses lignes la dimension mystique de ces moments.


La descendance de Paul et la transmission du patrimoine génétique reste un enjeu central de l’intrigue. Il s’agit finalement d’une forme de continuité avec le premier livre dans le sens où l’existence de Paul semblait résider dans l’unique but de sublimer la génétique de ses ascendants. Le potentiel enfant de Paul est donc source de nombreuses manipulations et craintes. Elles sont symbolisées par la mère potentielle de ce l’être tant attendue. Il y a une opposition entre Irulan, son épouse fille de son ennemi qui garantirait une filiation noble et Chani, la maîtresse de l’empereur, amour de sa vie. Est-il besoin de préciser que certains protagonistes tapis dans l’ombre ne sont très favorables à la deuxième option ?


Ce nouvel ouvrage nous permet de retrouver un certain nombre de têtes connues mais la place de chacun dans la narration a évolué. Chani est centrale dans les enjeux mais est finalement en retrait dans le déroulement de la trame. Alia, la sœur de Paul, prend une ampleur mystique majeure. Elle occupe une place importante dans l’équilibre de l’univers. Paul a évolué. On a le sentiment qu’il n’existe plus. Il a laissé sa place au Muad’Dib qu’il est devenu. Je trouve que cette transition est remarquablement rendue par l’auteur. Enfin, la surprise est le retour de Duncan sous une forme des plus originales. Ce personnage donne lieu à des échanges riches et subtils que j’ai particulièrement appréciés. Néanmoins, l’intrigue ne s’appuie pas uniquement sur des protagonistes familiers. Les antagonistes sont nombreux et nouveaux. Ils sont intéressants et enrichissent la connaissance de l’univers et de ses habitants. Dune offrait en effet un casting plus restreint à ce niveau-là.


Pour conclure, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire Le messie de Dune. J’ai apprécié cette atmosphère aride et oppressante dans lesquels naviguent des personnages torturés. La lecture est dense, l’ouvrage étant composé de moins de trois cents pages. Cette lecture n’est jamais apaisée, elle sollicite sur le plan sensoriel. Je suis vraiment curieux de lire la suite Les enfants de Dune. Mais cela est une autre histoire…


Eric17
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le 20 juil. 2022

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