Lu le 31 Mars 2021. Édition Lire c’est partir. 8/10
Un petit Molière que j’avais certainement dû lire au collège sans pour autant m’en souvenir.


On y retrouve Sganarelle dans son rôle « habituel », une sorte de bouffon qui se croit et se fait passer pour intelligent auprès de gens encore plus bêtes que lui, mais qui étymologiquement viendrait du verbe italien sgannare, qui signifie « dessiller » (ou, pour mieux définir, « amener à voir ce qu'on ignore ou ce qu'on veut ignorer »). Et cette définition fonctionne très bien.


Sous couvert d’intrigue amoureuse bateau - les futurs amoureux sont à peine apparus après 2 actes et la résolution de cette intrigue est tout à fait artificielle - la comédie farcesque de Molière dépeint les travers d’une société corrompue par l’argent, le charlatanisme, et la crédulité sans borne de la population dès qu’un messie - ou du moins, un homme possédant des arguments d’autorités tels que la « maîtrise » du latin, ou une robe de médecin - apparaît.
Et ce personnage seul fait que la recette fonctionne. L’alternance entre attitude doucereuse et attitude pleine d'assurance et odieuse est très drôle, et le rythme de ces alternances est parfaitement maîtrisé.


Certainement ce n’est pas la pièce la plus profonde de l’auteur, mais j’ai personnellement passé un bon et court moment devant une pièce à l’humour potache teinté du regard acerbe Molièresque.


En bref, c’est une œuvre de rien, qui n’est pas rien si on ne la prend pas trop de haut. Et je pense qu’on ne trouve cette pièce décevante qu’en comparaison des autres œuvres de Molière plus fines (Dom Juan, Le Misanthrope…) mais qui n’ont peut-être pas été pensées et écrites dans le même état d’esprit.


« Sganarelle : Oh ! la grande fatigue que d’avoir une femme ! et qu’Aristote a bien raison, quand il dit qu’une femme est pire qu’un démon !
Martine : Voyez un peu l’habile homme, avec son benêt d’Aristote » (I-1)
« Sganarelle, se tournant vers la malade. Donnez-moi votre bras. (à Géronte.) Voilà un pouls qui marque que votre fille est muette. » (II-5)
« Sganarelle : Cependant vous ne sauriez croire comment l’erreur s’est répandue, et de quelle façon chacun est endiablé à me croire habile homme. On me vient chercher de tous côtés ; et, si les choses vont toujours de même, je suis d’avis de m’en tenir toute la vie à la médecine. Je trouve que c’est le métier le meilleur de tous ; car, soit qu’on fasse bien, ou soit qu’on fasse mal, on est toujours payé de même sorte. […] Enfin le bon de cette profession est qu’il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde ; et jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué. » (III-1)
« Martine : Faut-il que tu te laisses mourir en présence de tant de gens ?
Sganarelle : Que veux-tu que j’y fasse ?
Martine : Encore, si tu avois achevé de couper notre bois, je prendrois quelque consolation. » (III-9)


« Léandre : Ce que je vous dirai, monsieur, c’est que je viens tout à l’heure de recevoir des lettres par où j’apprends que mon oncle est mort, et que je suis héritier de tous ses biens.
Géronte : Monsieur, votre vertu m’est tout à fait considérable, et je vous donne ma fille avec la plus grande joie du monde.
Sganarelle, à part : La médecine l’a échappé belle ! » (III-11)

Créée

le 1 avr. 2021

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Arimaa_kousei

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