Pouvait-on avoir une journée plus folle que celle-ci ?

"Le Mariage de Figaro" ou "La folle journée", cette comédie que l’on qualifie de picaresque m’a conquise !

Pour commencer, j’ai regardé une mise en scène proposée par la compagnie Colette Roumanoff, disponible sur YouTube. (Ce n’était pas la meilleure mais on n’est pas ici pour débattre de la mise en scène) Sans l’apport visuelle je me serais vite ennuyée, mais ce n’est que mon avis personnel, pour moi on ne lit pas du théâtre. Le texte n’est pas compliqué à comprendre et je disposais d’une Edition ayant pas mal de notes. La lecture était fluide et le contexte pas compliqué à comprendre. C’est largement accessible à tous même si certain message sont poussés. Je pense ici aux discours féministes de Marceline ou au monologue de figaro sur lequel nous reviendront plus tard.

Ensuite, nous allons aborder le coté engagé de cette pièce. Cette comédie que l’on pourrait presque qualifier de farce aux premiers abords est en réalité une œuvre engagée et picaresque. (= œuvres littéraires dont le héros traverse toute une série d'aventures qui sont pour lui l'occasion de contester l'ordre social établi.) En effet, nous suivons Figaro dans sa condition de valet qu’il semble plutôt apprécier au début de la pièce mais qui va vivre tout un tas de mésaventures le conduisant doucement à remettre en cause ses conditions de vie ainsi que la société dans laquelle il vit. (Le procès où il va découvrir que Marceline est sa mère, les discours féministes de cette dernière, le fait que le comte veuille profiter de Suzanne qui fait partie de l’accord valet/seigneur, …) Le monologue de Figaro à l’Acte V, scène 3 est la manifestation de cette contestation. Beaumarchais, considéré comme un des annonciateurs de la Révolution Française de 1789 mais également une des grandes figures du siècle des Lumières, évoque dans ce monologue les privilèges qu’ont les nobles par rapport au Tiers Etat, le fait que tout leur est donné alors qu’il se sont juste contenter de naitre. De plus, lors de ce monologue, nous assistons à une critique de la liberté de la pièce, faisant encore aujourd’hui des échos. (On peut penser à Charlie Hebdo) Nous voyons que ce thème du « tu as la liberté d’expression mais ne l’utilise pas » est encore d’actualité et porte encore à débat. (Je travaille cette année avec l’option théâtre du lycée sur une pièce écrite en 2016 évoquant la question de la liberté d’expression)

Pour conclure, je trouve que cette pièce de théâtre est une belle réussite malgré les intrigues secondaires qui ont tendances à prendre un peu trop le dessus (je pense ici à l’histoire (d’amour ?) entre la comtesse et Chérubin, je n’ai d’ailleurs pas compris s’il préférait la comtesse ou Fanchette) et les rebondissements et retournements de situations qui n’en finissent pas. (Ex : la scène où le comte entre dans la chambre de son épouse alors que Chérubin s’y trouve, Marceline qui est la mère de Figaro, Figaro qui pense que Suzanne le rend cocu, …) malgré ces quelques détails, j’ai beaucoup apprécié cette pièce, je vous conseille ce classique vivement.