L'action du roman court entre 1814 et 1821, le véritable dénouement ayant lieu en 1835.Il se décompose en trois livres.


I - Les deux enfances.
Felix de Vandenesse a eu une enfance malheureuse, privé de l'affection de ses parents, qui l'ont envoyés d'internat en pension, sans argent. En 1814, âgé de 22 ans, il assiste à Tours au passage de Louis XVIII (1e restauration). Il y rencontre une femme aux épaules si ravissantes qu'ignorant du monde, il y appose un baiser. Scandale. On l'envoie, pour soigner sa mélancolie, se reposer chez le comte de Chessel, dans la vallée de l'Indre, non loin de Saché. Il y a l'intuition qu'il va y retrouver son inconnue, ce qui se confirme : Mme de Mortsauf vit dans le chateau de Clochegourde, avec un mari que l'exil, sous Napoléon, a laissé appauvri et d'un tempérament instable, au point de lorgner sur la folie. Elle a aussi deux enfants, Jacques et Madeleine, qui ont hérité de leur père une santé très fragile. La jeune femme, qui n'a pas vécu et a accepté un mariage arrangé, se consume dans son devoir marital, à essayer de stabiliser la situation du domaine et surveiller la santé des enfants. Felix va devenir follement amoureux d'elle. Elle se refuse à lui, mais accepte son amitié.


II - Les premiers amours.
Après une scène qui a révélé la folie du mari, la situation de la famille s'améliore, grâce au retour des Bourbons. Des terres sont restituées, une rente accordée par le roi et si la folie et l'hypocondrie de M. Mortsauf ne changent pas, les enfants retrouvent des couleurs. Avec Felix, le bonheur semble revenu dans la maison. Mais le jeune homme doit renoncer à ce petit arpent de bonheur : poussé par Henriette (le prénom de Mme Mortsauf), il part à Paris faire carrière. Bien lui en prend, car à la faveur des 100 jours, il remplit une mission de confiance qui lui assure une belle position près du roi. Ayant obtenu un congé de 6 mois, il revient à Clochegourde. M. de Mortsauf tombe malade et Felix reste aider à tenir la maison, ce qui resserre énormément ses liens avec Henriette. Toutefois celle-ci continue de ne voir en lui qu'un enfant, et une lettre le renvoie à Paris.


III - Les deux femmes.
L'amour platonique de Felix a transpiré dans les cercles parisiens, et se pose comme un défi pour une Anglaise volcanique, lady Arabelle Dudley. Felix succombe à la passion du corps. Il profite cependant d'un congé pour revenir à Clochegourde, mais aux premiers mots d'Henriette, il sait que cette dernière est au courant de son inconséquence. La magie des bords de Loire s'est complétement envolée. La fin du roman est occupée par la longue agonie de Mme de Mortsauf, qui laisse une lettre testament, dans laquelle elle avoue enfin ce qu'elle n'a jamais pu dire de son vivant : que dès le premier baiser impudent qu'il avait déposé, il avait allumé chez elle une sensualité inconnue, et qu'elle s'est enfermée seulement après dans son rôle de mère martyre, sacrifiant tout à son mari et à ses enfants.


L'ensemble du livre est présenté comme une lettre envoyée par Felix à une nouvelle femme, Natalie de Manerville. Le livre se conclue sur la réponse sèche de la jeune femme, qui, refusant de vivre dans l'ombre de deux femmes, repousse l'amour de Felix et l'enjoint, s'il veut retrouver l'amour, à cacher à la femme qu'il aimera ce passé


.
C'est un livre dans lequel j'ai eu du mal à me lancer. C'est un peu Les souffrances du jeune Werther, mais sur les bords de la Loire, et où ce serait la femme qui aurait le rôle tragique.


Parmi les pages mémorables, un morceau de bravoure sur la vallée de la Loire à hauteur de Saché, véritable lettre d'amour à la Touraine, dont les paysages sont magnifiés, dans une ambiance de communion avec la nature qui fait explicitement référence au Cantique des cantiques. Egalement les passages sur les bouquets, composés par Felix pour inventer un langage secret avec la femme aimée, et métaphore de l'art du romancier. Il y a aussi le célèbre passage du portraît de Mme Mortsauf, grotesque dans la manière dont il détourne le portraît balzacien traditionnel.


On retrouve le souci de Balzac concernant la condition féminine en province, comme dans La femme de trente ans. Et un personnage d'ange féminin, encore plus radical qu'Eugénie Grandet. Un personnage dont j'ai goûté l'ambiguïté, dans le renoncement qu'elle exige de l'homme aimé, mais je reprocherai à Balzac une agonie bien longue, où ce qui semblait être le dernier sermon avant la mort laisse place à une nouvelle mise en garde de la mourante, pour finir sur la lettre de confession posthume. Je crois que Balzac voulait, avec beaucoup de premier degré, faire un personnage d'amour éthéré sublime, mais il est bon que son instinct de romancier l'ait poussé à ajouter ça et là davantage d'ambiguïté.


C'est Balzac : que l'on aime ou non le sujet, le livre fourmille de notations psychologiques toujours valables de nos jours, comme le fait qu'un homme jeune va chercher à trouver de la femme aimée en lui, tandis que l'homme âgé cherche à façonner la femme selon ses goûts.


Pas mon Balzac préféré, donc, car il se situe clairement au niveau des sentiments, et de rien d'autre, mais tout de même un beau roman.

zardoz6704
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le 14 août 2015

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zardoz6704

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