Toujours autant de plaisir à découvrir cette écriture !

Boris Cyrulnik présente dans Le laboureur et les mangeurs de vent sa théorie tirée de son traumatisme vécu enfant avec l’apport de ses réflexions à la fois littéraires et scientifiques sur le lien entre insécurité personnelle et ralliement à des idées acceptées sans les discutées, énoncées par des mentors qui affirment savoir mieux que nous ce qui est mieux. Ces maîtres à penser explique le monde suivant des raisonnements simplistes qu’ils soient religieux (catholiques, musulmans, juifs ou autres) et politiques (Moi, je sais ce qu’il vous faut !) et entraînent souvent vers une radicalisation préjudiciable à la liberté de conscience: Les nazis et leurs collaborateurs, les accusés dans le box du procès du quinze novembre, etc.


Encore quel merveilleux titre ! Le laboureur est celui qui travaille à réfléchir, à comparer, à clarifier sa réflexion sur son chemin de vie et à penser par soi-même. Le mangeur de vent reproduit le discours auquel il adhère. Il pense qu’il y a des bons et des mauvais et veut appartenir aux camps de ceux qui se disent bons même si cela l’amène vers des dérives inacceptables. Les mangeurs de vent sont beaucoup plus nombreux que les laboureurs. Il se rejoignent dans des idées arrêtées qui gomment les aspérités individuelles au profit du collectif.


Après avoir été déposé dans une institution la veille de l’arrestation de ses parents, Boris Cyrulnik, enfant de six ans au début de la seconde guerre mondiale, découvre qu’il est juif, ce sous-homme que les nazis veulent éradiquer. Rassemblé dans une synagogue avec une foule d’inconnus, il arrive à échapper à cet enfer en se cachant sous le corps ensanglanté d’une femme.


Ses souvenirs vont crées des images indélébiles qui vont le hanter encore actuellement, plus de soixante dix ans plus tard. Pourquoi ? Pourquoi lui ? Pourquoi le souvenir d’un soldat nazi lui montrant une photo d’un garçon de son âge ? Pourquoi a-t-il eu la chance d’être recueillis par des Justes ? Pourquoi a-t-il pu être un scientifique bienveillant, ouvert à la nouveauté malgré le traumatisme qu’il a vécu ? Qu’est-ce qui a fait la différence avec ceux qui ne peuvent se détacher de la blessure invalidante subie ?


Ces ruminations, Boris Cyrulnik les interrogent à la lumière du concept de la « banalité du mal » d’Annah Harendt. Il investit la théorie de l’attachement et la théorie de la logothérapie de Viktor Hankl pour trouver sens à sa vie. Mais, il cherche aussi dans la littérature, l’histoire, la psychanalyse et, bien sûr, les neurosciences pour comprendre et trouver ses réponses.


La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/04/10/boris-cyrulnik/

matatoune
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le 12 avr. 2022

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