Une histoire d'amitié entre deux adolescents en pension, François Seurel, narrateur principal et Augustin Meaulnes qui vont être liés par un secret commun : celui du domaine mystérieux. Ce lieu "magique" où une grande fête est donnée, ce lieu avec une fille aussi, une merveilleuse jeune fille, qui fait chavirer le cœur de notre grand gaillard. Durant toute leur adolescence ils tenteront de retrouver cet endroit entre nouvelles amitiés, secrets bien gardés, déceptions et escapades périlleuses pour finalement se retrouver quelques années plus tard, adultes plus ou moins accomplis.

Alain-Fournier a une drôle de plume, le style est modeste mais plaisant, notamment grâce à un vocabulaire abondant et d'époque. C'est un livre sur la camaraderie et l'imaginaire, vraiment très lent à démarrer et découpé en trois parties. La première pose les fondements de l'histoire, les rêves qu'on a quand on est gosse et le moteur de nos actions, ce qui nous fait vibrer. Parfois c'est tout bête, comme ici, mais c'est un idéal qui nous fait grandir. On s'attache aux personnages mais les premières dizaines de pages sont trop bavardes et remplies de détails anodins. C'est la vie quotidienne qui est décrite, dans son plus simple appareil, c'est à dire comme elle se vit. Cette proximité déstabilise et manque d'action. On ne sait pas où on va.

La seconde partie est meilleure mais la dernière du livre est encore plus intéressante, elle insiste sur les désillusions et l'insouciance perdues de ces amis qui vont se retrouver face à la cruauté de leur propre destin. La seconde moitié du livre est plus émouvante et solde tous les mystères de nos jeunes complices qui rattrapent les choix d'antan. Si j'étais clairement circonspect après une centaine de pages, je me félicite de ne pas avoir abandonné car la suite est poignante et implique beaucoup plus le lecteur dans le chamboulement de leur nouvelle vie.

Ce sont des rêves que l'on a eus quand nous étions gamins, des amitiés dures et sincères qui s'étiolent, mais parfois qui restent comme ici. Le Grand Meaulnes n'est pas transcendant, ça n'invente ni ne réinvente pas le genre - avec lequel j'ai souvent du mal à m'attacher - mais c'est une aventure très touchante sur l'apprentissage de la vie, l'accomplissement de ses rêves et surtout sur le façonnage de nos propres valeurs et du courage à travers cette période de transition vraiment pas évidente. il y a de la bienveillance et de la sensibilité dans ce livre, beaucoup de justesse aussi, même cent ans après.

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le 27 janv. 2015

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EvyNadler

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