Le Fils
7.2
Le Fils

livre de Jo Nesbø ()

Tel père, tel fils...décevoir son enfant?...être un jour peut-être déçu par nos parents, nos héros

((vivent les étagères d'échange de livres au coin de nos rues!))



"Aucun garçon n'oublie le jour où il découvre que son papa n'est pas parfait."
dit un jour Frasier à son père Martin dans un épisode de sa série éponyme.



'Le fils' de Jo Nesbo est une autre version de ce moment et ses conséquences.


Frasier savait qu'il va être nul en sport devant son propre fils Frederick en vacances chez lui. Martin demande alors à son fils quand c'était pour lui?...quand était-il tombé du piédestal? Pour Frasier, la première fois qu'il réalise que son papa n'est pas parfait, est lors d'une sortie au restaurant avec son club de Maths: son papa ne pouvait pas "calculer les 20% de pourboires"...
chez Jo Nesbo, les reproches familiaux sont un peu plus sombres.


(texte sans spoil)
Résumé: un jeune drogué condamné pour meurtres s'échappe de prison et va tenter d'en commettre d'autres.


J'entends parler en bien de Jo Nesbo depuis longtemps.
J'avais tenté au hasard puis abandonné de suite une histoire immonde qui s'ouvrait sur la torture et l'exécution d'une prisonnière attachée et bâillonnée avec une boule explosive (Headhunters), me disant alors que cet auteur populaire devait être dans le torture-porn à la Saw et Hostel, tant à la mode et à succès...tout ce que je déteste (dégout récent, mais rejet quand même).


Alors quand cet été, je tombe à la plage sur un exemplaire gratis et en français de son Sønnen, j'ai bien hésité mais il était dans une telle belle édition folio Policier en bon état que je l'échangeais comme souvenir: vivent les étagères libre-service de livres !


Tenté puis lu cet hiver par nostalgie de mes vacances d'été et pensant ce minable lieu-commun que ce serait "une lecture rapide car policière", il se révéla en fait très émouvant et fascinant puis façonnant tant on se met à réfléchir à nos parents et amours...faSønnant

Et pas du tout gore.


Le tout dans une forme captivante: je n'ai jamais deviné ce qui suivait. Jo Nesbo nous fait vivre l'enquête, ses scènes d'actions, de meurtres et de sexe en rêves éveillés...


(Ajout d'extraits 10/02/2019 plus pour aide-mémoire personnel:


D’autres personnages que le héros principal plaisent:
_notre caméra intérieure est souvent dans la chambre d’un enfant, voisin d’une maison clé dans l’histoire, fils lui-même d’un père absent…il observe beaucoup de sa fenêtre comme un jeune Ignatius Reilly.
_la directrice d’un foyer de SDF et sa famille sectaire.
_même un homme de main dont une scène superbe est vue de son point de vue: scène rare pour un inconnu et secondaire dans l’histoire...elle implique un album photo et une description quasi POV


Forme :




« Simon s’arrêta au feu rouge au croisement de la Storgata. C’était comme si l’obscurité suintait des façades autour d’eux, et, dans la pénombre, les créatures de la nuit sortaient. Elles avançaient d’un pas nonchalant, attendaient, appuyées conte le mur d’une discothèque d’où s’échappait de la musique poussée à fond, ou discutaient dans une voiture, la vire baissée, le coude dehors. Des regards affamés qui cherchent une proie. Des chasseurs. » p107




Commentaire social :
p.170 : dans le refuge pour drogués sdf, des politiciens le visitant, s’étonnent de trouver tant de "costumes" dans les cartons de vêtements gratis mis à leur disposition car ils ne correspondent pas "au marché du travail pour les gens d’ici". La directrice explique qu'ils ont bien besoin de ces costumes car ils vont "souvent à des enterrements de leurs amis".


Forme :
p.173 : la directrice du foyer de sdf (un des plus beaux personnages) coupe les cheveux de l’un d’entre eux




« Elle fut parcourue d’un frisson à la vue de la lame de rasoir tranchante qui passait sur la peau tendre de la nuque, des petits cheveux qui tombaient. Et cette pensée surgit d’elle-même : à quoi ça tenait…Au fil tenu entre la vie et la mort. Entre le bonheur et le malheur. Entre ce qui a du sens et ce qui n’en a pas »




Commentaire Social :
p177 : « Pendant ses grandes vacances, Iver junior rejoignait l’entreprise familiale où il allait apprendre, espérons-le, ce que c’est que de travailler dur, que rien n’est gratuit dans la vie et que la bonne gestion d’une fortune familiale comprend autant de devoirs que de privilèges »
p177 :(au sujet de la mère dans sa maison idéale « qui semblait tirée d’une pub des années 50 ») : « entendit d’une oreille que la radio annonçait une hausse d’overdoses à Oslo, une recrudescence de la prostitution et la cavale d’un prisonnier évadé. Il se passait tant de choses tristes là-bas. Là, en bas Tant de choses qui ne marchaient pas , qui n’avaient pas l’équilibre et l’harmonie qu’on doit chercher à atteindre Et tandis qu’elle réfléchissait à cela, à la parfaite harmonie qui régnait chez elle--la famille, le ménage, cette journée--, elle remarqua que le portail de service , celui qui ouvrait la haie de deux mètres soigneusement entretenue et qu’utilisait le personnel, s’était ouvert »


p182 : « Des sales gamins qui voulaient se donner des airs de caïds. Et voilà que l’un d’eux, un blond, le genre beau gosse, sans doute le fils d’un directeur trop livré à lui-même, sortit un cran d’arrêt »



« L’humilité était quelque chose que les gens intelligents finissaient par apprendre » (p196)


PierreAmo
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le 10 janv. 2019

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