Quand j'avais fait la critique du film de Melville "le Doulos" réalisé en 1963, j'avais précisé que le scénario était tiré d'un roman éponyme de Pierre Lesou, paru au n°357 de la prestigieuse Série Noire chez Gallimard en 1957. De cet auteur, pas très connu aujourd'hui, j'ai lu "cœur de hareng" (tout un programme ...) et "Main pleine", tous deux parus aussi en Série Noire.
"Le Doulos" est le plus connu car adapté avec brio et grand succès par Melville mais les deux romans que je cite ci-dessus ont aussi été adaptés par Laurent Heynneman et Paul Vecchiali.
"Le Doulos" est un polar à l'ancienne où dans le milieu de la grande Truanderie, on ne lésine pas sur l'honneur et où on n'hésite pas à régler ses comptes à coups de révolver pour arrondir les angles (ou les supprimer, c'est selon).
Quand Maur (Maurice Faugel) apprend en tôle qu'on a repassé sa nana, son sang ne fait qu'un tour. Son cœur ne crie plus que vengeance quitte à s'appuyer sur un mec pas net Silien qui fraie, dit-on, avec les flics.
Il est hébergé à sa sortie de taule chez un fourgue et ami Gilbert, en qui il a une relation de confiance de longue date. Pas de pot pour Gilbert, car ce serait lui, l'infâme, le gars qui aurait commis l'irréparable sur la nana de Maur,...
En plus, lors d'un casse d'une villa auquel participe Maur, un flic, qui tente de s'emparer des malfrats, se fait dessouder par un des casseurs. Pas de pot pour Maur car il s'agit justement de Salignari ("Sali" pour les intimes), le flic dont l'informateur et ami est le fameux Silien qui mange à tous les râteliers.
On voit que les affaires de Maur (qui n'a jamais aussi bien porté son diminutif) vont aller de mal en pis. Au fait, qui a prévenu les flics du casse de la villa ? Et comment va réagir Silien à la mort de son pote ? Va-t-il continuer à alimenter la maison Poulaga ou rentrera-t-il dans le rang des truands. On le saura en lisant le roman ...
Le roman de Pierre Lesou est écrit dans un style fluide et bien agréable à lire. Son personnage principal ou du moins, celui qui est le fil rouge du roman c'est évidemment Maur dont Lesou nous fait partager et suivre l'évolution lente de sa mentalité et de ses pensées.
Mais le personnage de Silien est intéressant à suivre en tant que truand, ami fidèle d'un flic, d'une grande placidité, maître du tempo du roman et ma foi, animé d'une certaine morale (à moins qu'il s'agisse d'une morale certaine, mais ça, c'est pas sûr)
"À qui tu téléphonais, à l'instant, Silien?"
Les yeux noirs de Silien et l'oeil unique du Colt ne quittaient pas le Corse.
"Au cimetière. Pour retenir une place, au cas où tu ne serais pas sage."
Roman assez palpitant comme le sera aussi le film de Melville qui a l'avantage, outre de rester fidèle au roman, de mettre un visage sur les différents personnages du roman.