Catherine Poulain nous entraîne sur les pas de Rosalinde et Mounia, deux travailleuses agricoles itinérantes et saisonnières, entourées de multiples saisonniers comme elles. Le travail est dur, les rapports entre les hommes et les femmes aussi. J'ai lu le livre facilement même si le récit n'est pas construit de manière classique. Il nous fait entrer dans un monde rude, rythmé par les saisons, où les personnages vivent dans la précarité, et se réfugient beaucoup dans la boisson. Ils sont très sensibles à la beauté des paysages et portent un regard poétique sur la nature.
(« Longues journées dans les arbres, parfois le ciel est éclatant. Lumière oblique de l'hiver, ce bleu glacé de l'hiver qui nimbe toutes choses, le son régulier et bref des olives tombant dans le panier d'osier… Les arbres ont un tronc sinueux et lisse, on dirait la peau d'un cheval, couleur isabelle. »)
Ce livre m'a fait penser au film « Sans toit ni loi » d'Agnès Varda avec Sandrine Bonnaire. Même si les deux oeuvres ont bien des différences, on retrouve l'âpre beauté de la vie et de la nature, la noirceur aussi. À la fin, j'étais assommée par cette noirceur et cette violence sans espoir. Mais ce livre reste en mémoire après la lecture, comme « le Grand marin ». Il nous fait découvrir la sensibilité à fleur de peau de personnages entiers, lyriques, fragiles, et extraordinairement vivants.