Le Chinois
6.8
Le Chinois

livre de Henning Mankell (2008)

En 2006, c’est le silence. La neige, un loup retrouve un cadavre. Un photographe se retrouve dans un village désert. En voulant chercher du secours, il fait une crise cardiaque.

La police va se retrouver face à un véritable carnage. Mais qui est le coupable ?

Birgitta Roslin est juge et elle est attirée par ce qui s’est passé dans cette région car elle se rend compte qu’elle a un lien avec une des familles morte. Elle va tenter de mener sa propre enquête de son côté. Un Chinois fera surface. Et elle se rend compte que ce drame est lié à ce qui a pu se passer aux Etats-Unis. En lisant des lettres, Birgitta se rend compte qu’un de ses ancêtres a construit la ligne ferroviaire aux Etats-Unis.

En parallèle, c’est l’histoire d’un chinois qui fuit la misère de sa campagne et se retrouve en même temps aux Etats-Unis.

C’est un fait, j’adore les auteurs de polars suédois. Ce n’est pas le premier lu et cela ne sera sûrement pas le dernier.

Outre les enquêtes qui sont très bien menées, on en apprend plus sur ce peuple nordique. La Suède n’est vraiment pas si idyllique que ça. Elle doit faire face à la crise. Ce pays, assez étendu, est composé de villes très peuplées et d’étendues de terre où les habitants peuvent se comporter sur les doigts des deux mains. Ce pays est également au centre de troubles anciens, lors de la colonisation des Etats-Unis lorsque les Suédois ont aidé à construire ce pays et les lignes ferroviaires et qu’ils avaient sous leurs ordres des communautés noires ou chinoises.

La criminalité peut toucher les villes comme les étendues désertiques.

L’auteur nous offre deux points de vue. Celui d’une Suédoise et celui d’un Chinois, aux travers des écrits des ancêtres, qui ont vécu à la même période, l’un sous le joug de l’autre. Le Chinois est donc l’histoire d’une vengeance.

L’auteur ne se contente pas de rester en Suède, puisque nous voyageons en Chine. D’ailleurs, outre la politique menée de tout temps dans ce pays. Henning Mankell s’appuie sur ce qui se passe actuellement en Chine. Les révoltes permanentes qui secouent ce pays et qui sont tues. La politique internationale de la Chine. Une politique qui tente à mener ce pays à la première place mondiale. La Chine ne va pas hésiter à expatrier ses populations d’agriculteurs en Afrique afin qu’ils ne se rebellent pas contre l’ordre établi. Ils vont déporter des pauvres dans des pays pauvres en leur promettant la richesse, comme tous ceux qui ont émigré vers les grandes villes à la fin du XIX° siècle ou aux Etats-Unis. On peut également imaginer qu’ils seront également enlevés pour peupler les rives des fleuves en Afrique. C’est réellement agréable d’avoir le point de vue d’un occidental sur la politique chinoise. Il est exactement le même de certains auteurs chinois. J’applaudis donc de retrouver les mêmes idées chez différents auteurs. La Chine ne m’a jamais attirée et ne m’attire toujours pas.

Car on le sait, l’histoire se répète malheureusement. Ce qui s’est passé il y a plus d’un siècle se répètera pratiquement de la même façon.

La Chine s’est ouverte au monde et nombreux sont ces riches, sans scrupules, qui pullulent. Riches qui ont tout de même de nombreux liens avec le pouvoir en place. La Chine est un pays fermé, mais…

Outre cette enquête, l’auteur nous offre une satire de deux mondes. Et ce n’est vraiment pas beau. On suit donc la quête de vérité de Birgitta Roslin, juge, qui a découvert qu’elle a des liens avec la tuerie. Elle a lu des carnets, elle a enquêté, donné ses résultats à tous ceux chargés de résoudre ces crimes affreux. Bien entendu, Birgitta n’est pas au bout de ses peines. Dans sa jeunesse, elle était Maoïste convaincue, mais elle n’est pas allée plus loin car elle n’en avait pas le courage. Henning Mankell nous montre donc que la jeunesse suédoise, en partie, a été attirée par les théories de Mao. Elle était en pleine révolte contre le gouvernement.

L’auteur nous donne sa critique du système judiciaire suédois qui doit être impartial, prononcer des peines, mais dont les moyens manquent. Trop de travail, pas assez de personnel. Le système judiciaire est en pleine faillite pouvant faire basculer le pays dans le chaos. Les jeunes commettant des délits mineurs ne sont jamais inculpés.

Outre Birgitta, il y a d’autres personnages. La femme qui mène l’enquête, Vivi Sundberg et deux Chinois, le frère et la soeur, opposés dans leurs idées et leur vie. L’un est riche, n’hésite pas à obtenir tout ce qu’il veut par tous les moyens. Tandis que l’autre est contre tout ce qui se passe actuellement en Chine et qui souhaite que son pays conserve une politique qui la portera au plus haut niveau sans qu’elle en ait à en rougir.

J’ai donc adoré ce roman. J’ai adoré ces retours en arrière qui permettent de comprendre ce qui se passe actuellement. Le ton n’est pas léger, il nous donne à réfléchir et à nous intéresser au monde actuel, à l’histoire.

Un seul bémol. Qui est ce jeune qui a été tué lors de ce massacre ? On n’en sait pas plus. Juste qu’il n’a pas subi toutes les violences des autres. Il a été tué, sans plus. Un maillon qui ne devait pas faire partie de la tuerie.
Angélita
7
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le 20 juin 2013

Critique lue 321 fois

Angélita

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