Entre-deux et suite des pérégrinations d’Émouchet et sa fidèle troupe en Éosie occidentale. Avant d’attaquer le gros morceau qu’est La Rose de Saphir, conclusion à venir de La Trilogie des Joyaux, Le Chevalier de Rubis entérine tout ce qui fit la sève de son prédécesseur, mais aussi ses faiblesses : une manière d’acter le statut d’alternative honorable mais perfectible de l’œuvre du duo Eddings.


Les structures narratives de ses deux premiers volumes sont d’ailleurs plutôt similaires, le cœur de leurs récits respectifs consistant en un voyage itinérant aux quatre coins du continent : bien que davantage arqué sur ses territoires centraux, le Lamorkland en tête de file, Le Chevalier de Rubis reprend donc une recette connue comme appréciable, dont le point d’orgue nous ramène (une fois encore) au mythique Bhelliom, MacGuffin tout désigné d’une intrigue de high fantasy ayant son propre « Anneau ».


Si la surprise n’est pas à l’ordre du jour, le plaisir demeure : capitalisant toujours plus sur la verve et l’ironie de ses chevaliers, le roman ne se départage en aucune façon de l’humour préalablement instauré. Si nous pourrions toutefois pointer du doigt le rôle de comic-relief assumé de Kalten, infatigable boute-en-train commentant tout et n’importe quoi, les développements apportés à Bévier, Tynian et (surtout) Ulah sont des plus bienvenus : en marge d’un Talen égal à lui-même, cette « Communauté » éosienne maintient donc le cap avec efficacité.


Quant à la trame-même du bouquin, nonobstant sa relative linéarité, il faut bien convenir qu’Eddings n’est pas avare en obstacles de tout ordre : Dieux, séides surnaturel et humain, et autres complots continuent de ralentir de leur mieux la quête d’Émouchet en bonne cohérence. Il est néanmoins regrettable que cette succession d’embûches s’opère de manière aussi nette, séquencée, chaque nouvelle progression du Pandion s’accompagnant invariablement d’un élément perturbateur… et d’une aide providentielle, tombant toujours à point nommé.


Un état de fait que les personnages ne manquent d’ailleurs pas de souligner : faut-il alors y voir un tour de passe-passe astucieux de la part de l’auteur, ou bien un aveu de facilité faisant du plan divin un fourre-tout à prétextes et justifications ? Au regard de cette persistante impression de maigre difficulté, telle que l’illustre à merveille le dénouement du Chevalier de Rubis, nous pencherions plutôt pour la seconde option, mais laissons pour le moment le bénéfice du doute au couple Eddings.


Faute de révolution à proprement parler, tant vis-à-vis de ses fondations que de ses références, ce second volume ne marquera donc pas les esprits : reste qu’il se lit se dévore à toute vitesse, celui-ci demeurant savoureux par bien des aspects. Un petit mot pour finir sur l’édition de France Loisirs, que nous incriminerons en l’état : le nombre de coquilles y est ahurissant, cela fait littéralement tâche…

NiERONiMO
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le 5 nov. 2020

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