Le Chardonneret
7.5
Le Chardonneret

livre de Donna Tartt (2013)

Theo se trouve dans une chambre d’hôtel d’Amsterdam à attendre, en proie à la folie qui guette. Qui attend-il et pourquoi ?

Revenons de nombreuses années en arrière pour connaître le jeune Theo qui vit à New-York avec sa maman et qui doit l’accompagner au collège car il est sous le coup d’un renvoi.

Mais rien ne se passe comme prévu.

Un roman fleuve de près de 800 pages que j’ai mis énormément de temps à lire. A un moment donné, c’est clair que je me suis ennuyée car je trouvais que la situation n’avançait réellement pas. Le chardonneret a été un coup de coeur pour nombre de lecteurs, ce n’est pas mon cas, car il me tardait vraiment de le finir et comme je l’écrivais, j’ai un peu décroché à un moment car il y avait trop de lenteur et j’en avais un peu marre de lire la vie de Theo.

Dans toutes ces pages, nous voyons défiler la vie de Theo, à New York, à Las Vegas, et New-York. Un évènement tragique va bouleverser toute la vie de ce jeune adolescent. Il va perdre la personne la plus chère à son coeur. Le lecteur, enfin moi, se prend à aimer ce jeune garçon, cet adolescent, devenu un homme. Toute sa vie est disséquée. Il n’y a pas grand chose qui pourrait permettre de dire qu’il a une belle vie. Peut-être son amitié avec Boris, Hobie. L’auteur s’attache à nous montrer que Theo a eu une bonne éducation en art grâce à sa mère et ensuite la restauration grâce à Hobie. Il baigne dans le monde du beau, d’où le métier qui va en découler. Mais la vie de Theo a pris un affreux tournant avec cette disparition tragique. Même s’il existe de nombreux traumatismes qui perdureront toute sa vie, il a la faculté de rentrer en lui-même, de ne pas montrer ses sentiments, de savoir ce qu’il veut faire – aller chez son ami, rendre la bague, retourner chez Hobie. Theo erre. Il est en souffrance depuis de nombreuses années, depuis la vie familiale avec son père alcoolique. Il a toujours eu peur de perdre sa mère. Il avait toujours peur qu’elle parte. Theo est un garçon, un homme malheureux. Personne ne veut de lui, il se sent rejeté, jamais à sa place. A part sa mère, il n’a qu’un seul amour dans sa vie, cette adolescente rencontrée au musée et dont il est tombé amoureux, Pippa. Nous avons des descriptions de sentiments tout à fait réalistes. Mais Pippa lui rappelle également constamment la douleur. Tout comme le fameux tableau, Le Chardonneret. Le tableau de tous les malheurs. Mais il semblerait que ce tableau, gardé pendant de si nombreuses années, soit comme un lien avec ce passé qu’il ne veut pas oublier. Theo semble lié à ce tableau. Il fait vivre le tableau à sa manière. Il ressemble à ce Chardonneret.

L’auteur nous décrit toutes les phases de dépression, de désespoir, d’interrogations de Theo. Quand on connaît un peu le sujet, le lecteur se sent en terrain connu et peut donc comprendre le héros. Entre drogues et alcool, sa vie est rythmée par la déchéance mentale. Pourtant, pendant un moment, je me suis demandée s’il n’avait pas décroché. Theo a toujours été proche de la folie et celle-ci est à son point culminant vers la fin, lorsqu’il attend dans cette chambre d’hôtel. Après de nombreuses interrogations, il semble avoir pris la bonne décision, mais le destin s’en mêlera encore une fois.

Outre Pippa, qui a également énormément souffert, je me suis attachée à Hobie, cet homme, à qui il a rapporté la bague et vers qui il s’est tourné lorsqu’il est revenue à New-York. Dans la description de cet homme, de son caractère, de son implication avec Theo, j’ai eu un peu le sentiment de retrouver Hagrid. Peut-être que je me suis laissée embarquer par le surnom que Boris donne à Theo, Potter. Et que dire de Boris. Il ne représente pas le mal proprement dit, mais il est le contraire de Theo pour tout. Un garçon qui a souffert également. En tous les cas, ils se sont bien trouvés tous les deux, ils ont fait les 400 coups ensemble. Mais Boris, malgré ses nombreux déboires, peut être considéré comme l’ange gardien de Theo, il arrive toujours au bon moment pour le sauver. Au contraire de son ami, il sait ce que peut être une vie. Rien n’est jamais blanc, rien n’est jamais noir.

Donna Tartt nous offre de magnifiques descriptions du monde de l’art, que ce soit des tableaux, des meubles. Il y a une sacrée recherche historique dans ce roman pour tous ces éléments là, mais également les lieux où vit Theo, ceux qu’il visite.

Outre ces descriptions, l’auteur a une très belle faculté pour que l’on ne s’ennuie pas malgré les nombreux personnages de ce roman. Ils ont chacun leurs particularités. Le caractère est très bien décrit, tout comme leur vie.

On peut se demander ce qu’aurait été la vie de Theo s’il avait appris la vérité lors de son départ de Las Vegas. Le tournant du roman aurait été différent. Une autre histoire aurait pu être imaginée.

Même si Donna Tartt s’attache profondément aux caractères de ces personnages, on ne peut pas dire que cela soit un roman psychologique. Il y a du suspense aussi avec ces histoires de tableaux volés, d’enquêtes des autorités pour les retrouver, ces ventes de meubles faux et des menaces.

J’ai appris qu’il allait être adapté au cinéma. Cela peut se comprendre, il y a matière. Mais je ne pense pas aller le voir, à moins de gagner des places. Je préfère rester sur mes impressions, sur mes images des situations et des personnages. Fausses, bien évidemment mais c’est cela l’imagination.
Angélita
7
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le 4 oct. 2014

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