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Philip K. Dick après un mauvais taz.

Avec la lecture de ce "Cahier bleu", préparez-vous à rentrer dans un des bouquins les plus what the fuck qu'il vous sera donné de lire.


Richard, post-zadiste alcoolo-toxico, est atteint de terreurs nocturnes. En plus de déjà bien passer des nuits de merde, il cultive en parallèle un goût certain pour l'ésotérisme, le bizarre, le complotisme: et voilà qu'un jour, alors qu'il écoute des fréquences binaurales ou je ne sais quoi sur Youtube, il va vivre une parasomnie beaucoup plus cognée qu'à l'habituelle. Et il se réveillera surtout "changé": à voir des choses que personne ne voit, et surtout à ne plus être perçu par ses semblables...


Bon, c'est extrêmement bizarre.

C'est dérangeant: pour tous les obsédés du réel, qui sont en sueur froide quand Philip K. Dick retrousse les manches (j'en fais partie), vous allez vivre ce qui s'apparente à un méchant bad trip. L'idée de ce réel qui n'est qu'illusion, d'un quotidien faux, est absolument brillante. Et cela marche: si vous êtes réceptif à ces grandes thématiques, vous angoisserez à coup sûr.

C'est dérangeant: parce que j'ai eu bien du mal à m'identifier aux personnages. C'est (probablement ?) volontaire: notre cher Richard, avec ses addictions en tous genres et ses lubies particulières, n'a jamais vraiment notre confiance. On se demandera à maintes et maintes reprises si le pauvre vieux ne nous fait pas une remontée d'acide (lui-même se questionnera)... Il n'empêche que s'il est malin de nous mettre un narrateur "douteux", il en reste que le plaisir de lecture s'avère parfois plus compliqué.


Est-ce réellement un roman lovecraftien? Dans la "découverte" de ce cahier bleu, l'idée d'une chose supérieure et la bizarrerie d'un quotidien "extra-réel", pourquoi pas... Surtout, finalement, dans l'incapacité définitive de notre narrateur à intellectualiser le monde qui l'entoure. Mais nous sommes quand même loin d'une horreur cosmique. J'ai plus l'impression ici d'avoir un Philip K. Dick ayant délaissé sa science-fiction, volontiers horrifique, pour tenter le roman fantastique.

Pour faire synthétique, c'est franchement "lovecraftien" dans le rapport du narrateur au monde, qu'il ne comprend pas et pour lequel il s'angoisse (car il dépasse très largement ses enjeux), mais ça ne l'est pas dans la "tournure" qu'on lui voit habituellement (pas de dieux anciens, mais plutôt un réel voilé dickien).


Bon, vous pouvez évidemment lire ce "Cachier bleu": c'est un roman surprenant. C'est un roman what the fuck. Un roman parfois grotesque, un roman toujours audacieux. Un roman parfois un peu pénible, mais qui se pose là en marge d'une littérature policée.

Wazlib
7
Écrit par

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le 18 juin 2023

Critique lue 2 fois

Wazlib

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