Vraie autobiographie à mettre en regard de Martin Eden, qui était son autobiographie romancée (chef d'œuvre absolu) - ici London prend le biais d'un pamphlet anti-alcool en narrant sa vie aux côté de John Barleycorn (surnom donné aux alcools en Californie dans certains milieux), entité imagée du pouvoir séducteur du breuvage. On a dit que ce livre à été un des arguments pour faire passer la prohibition en 1919 - il en a effectivement la forme et la force, un peu trop peut-être, au point que l'on se demande si ce n'est pas une œuvre de commande.

L'ouvrage possède une sacrée force de persuasion, l'écriture enlevée de London percute, comme d'habitude, et sa vie (incroyable) est un support rêvé pour y accrocher tous les aspects des relations de l'homme avec la bouteille. Par le lien social, le travail, et surtout la dépression. Car c'est cet aspect qui en ressort essentiellement, d'un London, qui a l'instar de son alter ego fictif Martin Eden après ses succès, ses voyages, ses expériences, ses rencontres, a tout vécu et trop vécu. L'ouvrage est incroyablement égocentrique, très imbu de soi même, et très fier - plus que dans Martin Eden - Et ces travers ont une tendance à aller vers une misanthropie déguisée - et le discours de façade sur l'alcool peine à le masquer. Si son auto-analyse se tient, si il arrive à être persuasif sur une grande partie de l'ouvrage, la fin déclenche presque un effet inverse - le portrait de la vie décrite dans les 2 derniers chapitres se fait tellement noir, désabusé, blasé, vu par un tel prisme misanthrope, qu'il nous persuaderait presque de faire, nous aussi, notre bout de route aux cotés de John Barleycorn. Effet pervers voulu sciemment ?

Le cabaret de la dernière chance a un intérêt donc purement autobiographique, et permet de saisir un peu mieux l'auteur de Martin Eden.
Zbah
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le 28 sept. 2012

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Zbah

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