Nous rencontrons des problèmes techniques sur la partie musique du site. Nous faisons de notre possible pour corriger le souci au plus vite.

C’est en tombant sur une bande-annonce du film début août 2017 que j’ai fait connaissance avec Le Bonhomme de Neige. Le pitch du tueur en série signant ses crimes d’un bonhomme de neige étant suffisamment intriguant et me cherchant une lecture pour les vacances, ni une, ni deux, je me suis empressé de télécharger le roman sur mon Kindle.


Le Bonhomme de Neige est en réalité le septième livre de l’auteur norvégien Jo Nesbø paru en 2007 et mettant en scène l’inspecteur Harry Hole (qui, avec quelques années de moins, aurait tout à fait pu être incarné par Clint Eastwood, et pas seulement pour la référence à l’Inspecteur Harry). Que les lecteurs n’ayant, comme moi, jamais entendu parler de cette série se rassurent : il n’est absolument pas utile d’avoir lu les livres précédents pour plonger immédiatement dans Le Bonhomme de Neige. A tout le moins, à aucun moment le lecteur ne se sent lésé de passer à côté de certaines références puisque si de brèves allusions sont faites à de précédentes enquêtes de l’inspecteur Harry Hole, elles sont suffisamment contextualisées et brèves pour s’intégrer de manière parfaitement fluides au récit.


Et si la perspective de suivre une enquête de police entre Oslo et Bergen en Norvège peut sembler a priori un peu austère, l’on s’y fait très vite et cela finit même par donner un petit côté exotique et dépaysant au récit. Atmosphère crépusculaire qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle du film Insomnia de Christopher Nolan.


En dehors de la trame de fond singulière (l’enquête sur l’énigmatique tueur en série qui signe ses meurtres d’un bonhomme de neige), l’enquête reste toutefois très classique et sans fioritures. Si l’on devait jouer au jeu des comparaisons, l’on penserait immédiatement à Dragon Rouge de Thomas Harris. Une intrigue plus classique encore, donc, que sa suite, Le Silence des Agneaux du même Thomas Harris et plus encore que du troisième opus, le très baroque et esthétique Hannibal (qui relève plus de la chasse à l’homme que de l’enquête policière au sens strict).


Pourtant, Le Bonhomme de Neige se révèle être un véritable page-turner et l’on ne décroche pas du début à la fin. Il y a tout d’abord ces deux énigmatiques flashback en 1980 et 1992 des chapitres 1 et 5 (l’histoire se déroule en novembre et décembre 2004) qui ne prendront sens qu’au fil de l’enquête avant d’éclairer l’histoire sous un angle nouveau au chapitre 33 et un nouveau retour dans le passé. Il y a aussi ce récit découpé de façon assez rythmée à la façon de Tom Clancy ou de Bernard Werber où un même chapitre héberge plusieurs sections et des récits dans le récit (même si, à la différence des auteurs précités, il n’y a aucun mystère sur le lien immédiat entre les différentes sections). Mais évidemment, Jo Nesbø sait aussi y faire en lançant l’enquête sur les chapeaux de roue avec la disparition de Birte Becker au chapitre 4 et surtout avec le meurtre de Sylvia Ottersen particulièrement oppressant au chapitre 8 qui met pour la première fois le lecteur en présence directe du « Bonhomme de Neige ». C’est d’ailleurs plus ou moins ce chapitre 8 qui marque la fin du prologue et lance véritablement la traque du Bonhomme de Neige par l’inspecteur Harry Hole et sa nouvelle recrue Katrine Bratt. Si le récit enchaîne ensuite temps forts et temps faibles, il a la bonne idée de distiller son lot de vraies et fausses pistes et de mettre en place une intrigue dans l’intrigue. Le tout sur fond de psychologie quelque peu tourmentée des enquêteurs au passé parfois plus lourd qu’il n’y paraît. Le récit tient ainsi le lecteur en haleine de manière magistrale jusqu’au dénouement. Si l’on devait être quelque peu déçu, c’est sans doute par les deux chapitres 33 et 34 qui constituent l’épilogue du roman et qui assènent à gros sabots une morale gentiment naïve et bien-pensante sur la paternité biologique et la paternité sociale, sur les liens du sang et les liens du cœur et plus largement sur les familles recomposées.


Mais en dehors de cette fausse-note finale franchement dispensable, Le Bonhomme de Neige est une franche réussite qu’on ne pourra que recommander aux amateurs de thrillers et d’enquêtes policières. De la première à la dernière page, on ne décroche tout simplement jamais jusqu’au final (et plus précisément, l’avant-final) tout simplement étouffant. Reste à voir ce que donnera son adaptation cinématographique (dont les scénaristes ont apparemment eu le bon goût de ne pas dépayser l’intrigue aux États-Unis) puisque la bande-annonce laisse clairement entrevoir que le film prend quelques libertés avec le matériau de base et certaines de ses scènes clés. Wait and see…

marchiavel
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes et Ebooks dans mon Kindle

Créée

le 16 sept. 2017

Critique lue 1.2K fois

1 j'aime

marchiavel

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

1

D'autres avis sur Le Bonhomme de neige

Le Bonhomme de neige
amnezik666
8

Critique de Le Bonhomme de neige par amnezik666

C'est presque à regret que j'avoue avoir eu un peu de mal à accrocher au début de cette enquête, j'ai trouvé que ça tardait à démarrer et que ça patinait un peu dans la semoule avant de prendre...

le 21 déc. 2011

2 j'aime

Le Bonhomme de neige
marchiavel
9

Mister Freeze

C’est en tombant sur une bande-annonce du film début août 2017 que j’ai fait connaissance avec Le Bonhomme de Neige. Le pitch du tueur en série signant ses crimes d’un bonhomme de neige étant...

le 16 sept. 2017

1 j'aime

Le Bonhomme de neige
Anaïs_Alexandre
9

"C'était le jour où la neige arriva."

Jo Nesbo est présente comme le maitre du thriller scandinave, de quoi susciter la curiosité. Et il se trouve que sa réputation n'est pas usurpée à mon avis ! Harry Hole, l'inspecteur récurent des...

le 21 oct. 2016

1 j'aime

Du même critique

Le Secret de la planète des singes
marchiavel
4

Critique de Le Secret de la planète des singes par marchiavel

Suite directe du cultissime "La Planète des Singes" de Franklin Schaffner, Le Secret de la Planète des Singes est à la fois d'une rare médiocrité et le gros nanar de la pentalogie de la Planète des...

le 27 nov. 2011

9 j'aime

Turok 2: Seeds of Evil
marchiavel
8

Critique de Turok 2: Seeds of Evil par marchiavel

Emblématique de l'âge d'or d'Acclaim, Turok 2 est une des références du FPS sur N64. Premier jeu à exploiter le Ram Pak, le jeu brille d'abord par sa réalisation somptueuse : animation fluide,...

le 7 déc. 2010

9 j'aime

2

Splatoon
marchiavel
8

Octopussy

Il est peu dire que lors de sa présentation à l’E3 2014, Splatoon m’a fait une très mauvaise impression : sorte de mini-jeu amélioré tout droit sorti de Mario Party (un classique où le vainqueur est...

le 16 août 2015

7 j'aime